La légalisation de la culture de cannabis au Maroc reflète l’échec de la politique de l’Etat dans ce domaine, estime le magazine américain Foreign Policy, précisant que le Maroc laisse les agriculteurs cultiver du cannabis, mais en contre-partie procède à l’arrestation de quelques-uns d’entre-eux, pour rappeler que le pouvoir central est là.
"Cette politique de deux poids deux mesures, menée par le Maroc depuis plusieurs décennies, avait transformé le nord du pays en la capitale mondiale du cannabis, principalement durant les années ’1980".
Les commerçants marocains du cannabis ne se sont jamais autant enrichis qu’au cours de cette période. Mais le boom du cannabis ne durera pas longtemps écrit Foreign Policy, selon lequel la conjoncture mondiale avait obligé le Maroc à combattre les agriculteurs du chanvre.
Le déclin du cannabis marocain serait aussi à imputer à la guerre livrée contre la drogue au niveau international, mais aussi en raison des allégations laissant entendre que le terrorisme était financé avec l’argent de la drogue marocaine, principalement après les attentats de Madrid en 2003.
Foreign Policy revient aussi sur les déclarations de Foaud Ali El Himma, appelant à l’ouverture d’un débat national autour de la culture de cannabis et à l’arrêt des campagnes d’arrestation menées contre les agriculteurs, ajoutant que ces idées sont aujourd’hui acceptées par l’élite politique marocaine, notamment le Parti Justice et Développement (PJD) au pouvoir.
Le projet marocain de légalisation du cannabis répond aux normes internationales, surtout que plusieurs pays autorisent aujourd’hui l’utilisation du cannabis dans l’industrie pharmaceutique. "Les toxicomanes devraient attendre longtemps avant de pouvoir fumer en paix", conclut Foreign Policy.
Vendredi au Parlement, Nouredine Mediane, député de l’Istiqlal a appelé le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, à cesser les hostilités menées contre les agriculteurs dans le Rif, dont plus de 40.000 sont poursuivis en justice pour avoir cultivé du cannabis.
Un projet de loi proposant la légalisation de la culture du cannabis soumis en mai dernier par le militant rifain Chakib El Khayari à plusieurs commissions parlementaires, serait discuté avant fin novembre par le Parlement marocain.
D’après le dernier rapport de l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), le Maroc serait le principal pays fournisseur de résine de cannabis consommée en Europe.
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