Kenza Mouloudi, étudiante à l’école Centrale de Casablanca, estime avoir fait le bon choix. « Dans la société marocaine, une femme ingénieure est respectée. Mon expertise sera reconnue, c’est socialement valorisant », explique-t-elle au journal Le Figaro. Comme elle, plusieurs jeunes filles marocaines choisissent d’intégrer les écoles d’ingénieurs du royaume. Selon un rapport de l’Unesco publié en 2021, 42 % de l’effectif de ces écoles est constitué de filles, contre seulement 28 % en France, selon les données de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI).
Au Maroc, « les meilleurs élèves, filles et garçons, choisissent les classes préparatoires et les écoles d’ingénieurs. La formation est perçue comme le parcours des élites », explique Ghita Lahlou, directrice de l’école Centrale Casablanca où elle a été formée. Pour cette femme d’affaires, les jeunes filles marocaines investissent ces établissements pour « acquérir les outils et la légitimité nécessaires pour s’imposer dans des milieux considérés comme masculins ».
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Hafssa El Mrchani, étudiante boursière à l’École nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM) de Rabat a reçu le prix de l’élève ingénieure Maghreb 2023, décerné par la CDEFI, au terme d’un concours visant à encourager les jeunes filles à choisir les cursus d’ingénieurs. « Pour y arriver, le soutien de la famille est déterminant. Les mères marocaines sont des battantes, ce sont elles qui encouragent leurs filles à faire des études, à devenir autonomes », estime Hafssa.
« Le niveau dans les matières scientifiques est bon dans les écoles publiques marocaines », analyse Doha Sahraoui, maître de conférences à Université Cadi Ayyad de Marrakech, précisant qu’une fois diplômées, ces femmes devront s’imposer dans des secteurs dits « masculins », comme l’industrie, le génie civil et le bâtiment. Mais c’est sans compter avec « les grossesses et la maternité » qui, selon la chercheuse, « risquent de jouer sur les carrières de ces femmes. Elles risquent de subir potentiellement des pressions familiales ou bien celle de l’employeur ».