« Le Maroc est devenu la plaque tournante des voitures volées en Europe »

Les policiers de la Police aux frontières (PAF) en coordination avec des techniciens spécialistes de la détection de véhicules volés, Argos, et le commissariat de Sète mènent des opérations sur la zone de transit de la gare Orsetti à Sète, avec pour cible les flux avec l’Algérie. Mais les opérations se focalisent surtout sur les flux vers le Maroc.

« Le travail de la PAF est centré sur le contrôle transfrontalier des passagers, expose le commissaire divisionnaire Olivier Harguindeguy, son directeur auprès de Midi Libre. Mais cinq ou six fois par an, nous menons des opérations coordonnées avec Argos ou le commissariat de Sète sur les véhicules volés. Nous sommes proches de l’Espagne, en lien avec l’A9 là où circulent les passeurs. » Il fait savoir que cette année, la PAF a priorisé les flux avec l’Algérie (nouvelles liaisons en 2025, NDLR), mais ce que « l ’on fait c’est surtout le Maroc vers Nador et Tanger. Le Maroc étant devenu la plaque tournante des voitures volées en Europe ».

Il ressort des explications du directeur de la PAF que le marché de la voiture volée a pignon sur rue. « Le Maghreb est un marché en pleine croissance, ce trafic représente 5 % du marché automobile marocain, en fonction de l’indisponibilité de certains modèles sur place », évalue-t-il. En 2023, ses éléments ont réussi à saisir une dizaine de véhicules de moyen et haut de gamme à destination de Dubaï. « Nous avons des réseaux maroco-espagnols qui opèrent depuis la France et l’Europe », ajoute le commissaire.

L’officier poursuit : « vec des clients qui légalisent les voitures avant l’entrée au Maroc, il y a forcément des intermédiaires en France, qui fabriquent par exemple de faux certificats d’immatriculation. Raison pour laquelle, nous avons aussi des analystes en fraude documentaire lors des opérations ciblées. » Argos du nom de ce GIE (Groupement d’intérêt économique) fondé en 1984 et composé des plus importants assureurs français, chargé de repérer et de récupérer les véhicules volés joue un rôle important.

« On intervient par exemple tous les étés à la frontière entre l’Espagne et le Maroc sur les contrôles routiers sur l’A9 », indique Benoît Leclerc, son directeur. Il ajoute : « Nous avons une vingtaine de techniciens sur le terrain qui peuvent être sollicités lors de perquisitions ou par un garage pour identifier les véhicules. Argos expertise aussi les engins de chantiers, les bateaux, leurs moteurs, etc. »