Maroc : la mer recule, un tsunami à craindre ?

11 août 2024 - 21h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, la baisse du niveau de la mer sur certaines plages dont la plage de Oualidia inquiète citoyens et estivants, qui redoutent un risque de tsunami. Ces inquiétudes sont-elles justifiées ?

Y a-t-il un risque de tsunami au Maroc ? Suite à la présumée installation de panneaux avertissant des zones et des rues pouvant être à risque de tsunami dans les villes côtières, notamment sur la plage de la ville marocaine d’El Jadida, et à la diffusion récente de vidéos sur réseaux sociaux montrant le recul de la mer, bon nombre d’estivants et d’habitants redoutent la survenue d’une catastrophe naturelle. Tayeb, l’un des visiteurs de la plage de Oualidia, s’inquiète de la baisse notable du niveau de l’eau. Il affirme qu’il fréquente cette plage depuis les années 1990 et qu’il n’a jamais observé une telle baisse auparavant. Alors que certains associent ce phénomène à une vague de tsunami potentielle, il estime qu’il n’existe aucune preuve concrète pour étayer cette hypothèse. Mohamed, un habitant de la région, exprime, lui son étonnement quant à la propagation massive de ces rumeurs cette année. Selon lui, le phénomène des marées est la principale raison de la baisse du niveau de l’eau sur la plage. Ce phénomène est naturel et ne devrait pas susciter d’inquiétude, explique-t-il, invitant à ne pas se laisser emporter par des rumeurs qui pourraient nuire à la réputation de la ville et de ses habitants.

À lire :Tanger : l’état des plages inquiète

Ce phénomène est naturel et se produit en raison de l’accumulation de sable due à l’interaction de plusieurs facteurs naturels tels que le mouvement des vagues, les courants marins et le vent, confirme Abdelwahed El Makhfi, président de l’Association des sports nautiques auprès du site Al3omk. Il ressort de ces explications que ces facteurs agissent ensemble pour déplacer le sable d’un endroit à un autre sur la plage – ce qui entraîne un changement de sa forme au fil du temps – et que la plage de Oualidia en particulier subit les effets du phénomène des marées. Le sable s’accumule de manière significative à cette période de l’année, note-t-il, insistant sur la nécessité pour les responsables d’intervenir pour ramener la plage à son état naturel. Une tâche qui ne prendra pas plus d’un mois. Ce qui se répand sur les réseaux sociaux à propos de la « disparition de la mer » n’est que des rumeurs visant à attirer les vues, estime pour sa part un conseiller municipal. À l’en croire, les vidéos montrant les plages dépourvues d’eau ont été filmées pendant la période de marée basse, ce qui est un phénomène naturel observé dans la plupart des villes côtières du Maroc. Ces rumeurs pourraient nuire économiquement à la région, car elles pourraient entraîner une diminution du nombre de touristes, provoquant ainsi une récession économique qui affecterait négativement les habitants de la région, souligne l’élu.

À lire :Maroc : les plages en péril

Les scientifiques s’invitent dans le débat. La baisse des eaux sur certaines côtes marocaines cette année n’est pas un phénomène nouveau puisqu’elle a été observée dans la région de Sidi Ifni l’année dernière, explique à Al3omq le président de l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre au Maroc, section régionale de Souss-Massa, ajoutant que ce phénomène s’est répété dans de nombreux pays comme la Palestine, le Liban et plusieurs pays européens. Le changement climatique, la profondeur des eaux ou la position des planètes, ou encore la gravité de la lune et du soleil seraient à l’origine de ce phénomène. Selon ses explications, l’hypothèse la plus logique est l’influence de la gravité de la lune et du soleil, car elles contrôlent les mouvements de marée. Aussi, a-t-il souligné que le retrait de la mer peut être considéré comme un phénomène de marée, mais qu’il se produit sur une distance plus grande et exceptionnelle. Il écarte toutefois l’hypothèse liant le phénomène aux changements climatiques.

À lire :Maroc : les plages à éviter cet été

Le réchauffement climatique et la fonte des glaces aux pôles entraînent une augmentation du niveau des eaux et non une diminution, explique-t-il encore. L’expert a en outre rassuré les citoyens qui craignent le phénomène de tsunami. « Il est éloigné des causes qui conduisent au retrait de la mer, car un tsunami se produit à la suite d’un tremblement de terre au milieu de la mer, entraînant de grandes vagues, alors que ce que nous observons est un retrait des eaux et non l’inverse », poursuit-il. Évoquant l’installation de panneaux avertissant des zones et des rues pouvant être à risque de tsunami dans les villes côtières, notamment sur la plage de la ville marocaine d’El Jadida, il fait savoir que ces panneaux font partie d’un projet du Centre national de la recherche scientifique et technique en partenariat avec la Faculté Chouaib Doukkali d’El Jadida, financé par l’UNESCO, dans le but de sensibiliser à ce phénomène. La ville d’El Jadida a été choisie comme ville pilote pour appliquer cette initiative, et les panneaux seront ultérieurement généralisés dans toutes les villes côtières, complète le scientifique.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Nature - Environnement - Oualidia

Aller plus loin

Inondations en Espagne : la communauté marocaine durement touchée

Face aux violentes inondations qui ont frappé le sud-est de l’Espagne, causant la mort d’au moins 158 personnes, le Maroc a activé sa cellule de crise.

Maroc : El Jadida se prépare au tsunami

La ville d’El Jadida va réceptionner dans les prochains jours deux sirènes offertes par l’UNESCO dans le cadre du programme international de prévention au risque de tsunami.

Tanger : l’état des plages inquiète

Salwa Damnati, députée du groupe socialiste et par ailleurs membre du conseil communal de Tanger, a déclaré que plusieurs plages de la ville sont polluées et il est impossible...

Des plages privatisées dans le nord du Maroc

L’occupation anarchique du domaine maritime par des unités hôtelières et des résidences de luxe dans la préfecture de M’diq-Fnideq empêche les estivants d’avoir accès à ces...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : bonne nouvelle pour les amateurs de hammams

Au Maroc, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a donné de nouvelles instructions aux walis et gouverneurs des régions concernant la décision de fermeture des hammams et des stations de lavage de voitures.

Autoroutes du Maroc : un nouveau projet passe mal

Anouar Benazzouz, directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc, a annoncé le lancement d’un projet de reboisement des abords des autoroutes marocaines.

Mondial 2030 : les Marocains contraints de se mettre au tri sélectif

Le Maroc va mobiliser près de 6 milliards de dirhams pour la mise en œuvre du projet de tri des déchets dans les six villes devant accueillir les matchs de la coupe du monde 2030 qu’il co-organise avec l’Espagne et le Portugal.

Casablanca : des champs irrigués aux eaux usées

Les éléments de la Gendarmerie royale de la préfecture de Nouaceur relevant de la région de Casablanca-Settat ont procédé dimanche à la saisie des pompes à eaux illégalement installées par certains agriculteurs pour irriguer leurs terres agricoles avec...

Label Pavillon Bleu au Maroc : voici la liste complète

Pour la saison estivale 2024, 32 sites marocains arboreront le label Pavillon Bleu, décerné par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement sous la présidence de la Princesse Lalla Hasnaa.

L’incivisme gâche les vacances des Marocains

Au Maroc, la plupart des plages ne sont pas propres à cause de l’incivisme qui y règne. Malgré les efforts consentis par les autorités, le problème demeure.

Maroc : les hammams traditionnels en péril

La députée Loubna Sghiri, membre du groupe du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants, alerte sur la précarité au travail qui touche les travailleuses et travailleurs des hammams traditionnels dont le nombre de jours de travail a été...

Maroc : record d’exportations d’avocat, mais à quel prix ?

Les agriculteurs marocains continuent de produire de l’avocat destiné à l’exportation, malgré le stress hydrique que connaît le royaume. Le volume des exportations de ce produit a déjà atteint 30 000 tonnes.