Le Maroc peut-il résoudre la crise énergétique de l’Europe ?

9 mai 2023 - 08h40 - Maroc - Ecrit par : S.A

Le Maroc ambitionne de produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici à 2030 pour en exporter une grande partie vers l’Europe par le biais de câbles sous-marins. Va-t-il prioriser l’exportation au détriment de la satisfaction de la demande locale ?

Avec des projets ambitieux comme le complexe solaire Noor-Ouarzazate, le projet de construction du plus long câble sous-marin au monde (3 800 km) devant relier le Maroc et le Royaume-Uni… Le royaume rêve grand pour les énergies renouvelables. Quitte à envisager exporter de l’énergie vers l’Europe pour aider celle-ci à sortir de la crise énergétique qu’elle traverse. « Je pense que le Maroc représente la meilleure occasion de sortir le continent européen de la dépendance qu’il a aujourd’hui à l’égard du gaz russem », déclare à la BBC Moundir Zniber, entrepreneur marocain dans le secteur de l’énergie, patron de Gaia Energy, l’un des chefs de file de la révolution des énergies renouvelables au Maroc. Selon ses explications, le royaume dispose de l’une des meilleures ressources solaires et éoliennes au monde ». « En ce qui concerne l’hydrogène vert, notre société développe six projets qui pourraient répondre à 25 % des besoins de l’UE », ajoute-t-il.

À lire : Énergies renouvelables : le Maroc veut fournir l’Europe d’ici 2030

Mais est-il judicieux d’exporter de l’électricité verte avant que tous les besoins du Maroc ne soient satisfaits par les énergies renouvelables ? La “priorité” est que les Marocains aient accès à l’énergie verte « la moins chère », répond Leila Benali, ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, interrogée sur la question. Selon elle, il est également nécessaire de profiter de « l’opportunité historique » de s’intégrer au marché européen de l’énergie, car de telles opportunités pourraient être une incitation à l’investissement privé, qui fait cruellement défaut. Moez Cherif, de la Banque mondiale, estime pour sa part que le Maroc devrait à la fois augmenter ses exportations d’énergie renouvelable et en produire davantage pour sa consommation intérieure. « L’idéal serait de faire les deux », dit-il. Hajar Khalmichi, activiste du changement climatique et membre du Mediterranean Youth Climate Network, ne partage pas ces points de vue. Son souhait, dira-t-elle, c’est de voir le Maroc satisfaire tous ses besoins énergétiques nationaux grâce aux énergies renouvelables avant de songer à l’exportation.

À lire : Le Maroc, nouveau leader mondial des énergies renouvelables ?

Selon elle, l’ambition du Maroc de produire 52 % d’électricité à partir des énergies renouvelables ne progresse pas. De plus, il n’y a pas eu assez de discussions sur la provenance du reste, alors qu’il tente de réduire sa dépendance à l’égard de ses centrales électriques (gaz, pétrole et charbon).

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Exportations - Energie solaire - Parc solaire Noor Ouarzazate

Aller plus loin

Énergies renouvelables : le Maroc veut fournir l’Europe d’ici 2030

Le Maroc ambitionne d’atteindre l’autonomie énergétique avec la production des énergies renouvelables d’ici 2030 et de vendre l’énergie surproduite à l’Europe qui est à la...

Energie solaire au Maroc : des couacs qui inquiètent

Depuis 2009, le Maroc mise sur le développement des énergies renouvelables. Mais depuis quelques années, la dynamique semble s’essouffler en matière d’énergie solaire. En cause,...

Energies renouvelables : nouveaux accords entre le Maroc et Israël

Des scientifiques spécialistes de l’énergie originaires du Maroc et d’Israël ont été accueillis hier, jeudi 29 septembre, par le centre pour l’énergie et la durabilité de...

Énergie verte : partenariat entre le Maroc et l’UE

Le Maroc et l’Union européenne s’apprêtent à signer une alliance verte, qui permettra de renforcer les efforts du royaume dans la lutte contre le changement climatique.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : la quête d’autosuffisance en dattes face aux défis climatiques

Le Maroc est le septième producteur mondial de dattes, avec un volume de 170 000 tonnes par an. Toutefois, des défis restent à relever pour le développement de la filière et satisfaire la demande nationale.

Maroc : les exportations automobiles dépassent les 100 MMDH à fin novembre

Les exportations marocaines dans le secteur automobile ont généré au terme des onze premiers mois de l’année un chiffre d’affaires de 100,37 milliards de dirhams, en augmentation de 35% par rapport à la même période de 2021.

Industrie automobile : Le Maroc se positionne parmi les grands constructeurs mondiaux

L’industrie marocaine, en particulier le secteur automobile, a connu ces dernières années une croissance fulgurante, propulsant le Royaume au rang des concurrents sérieux sur la scène internationale. C’est ce qu’a affirmé Ryad Mezzour, ministre de...

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Le Maroc dans le top 10 des marchés mondiaux de Renault

Le Maroc est désormais le dixième marché mondial de Renault et le premier de toute la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) en termes de ventes, avec 44 497 véhicules vendus au cours des neuf premiers mois de l’année 2023.

Tomate : le Maroc dépasse l’Espagne en Europe

Pour la première fois, le Maroc se hisse au rang de premier fournisseur de tomates sur le marché européen, devançant ainsi l’Espagne. Un pur hasard ? non, le Maroc prend peu à peu la place de premier fournisseur pour l’Europe.

Centrale de Ouarzazate : les dégâts déjà réparés suite au séisme

Le ministère marocain de l’Énergie a assuré que les infrastructures énergétiques n’ont subi aucun dommage lors du séisme d’Al Haouz, à l’exception de la centrale solaire de Ouarzazate où des dégâts « mineurs » ont été constatés et déjà réparés.

Pastèque et sécheresse : le casse-tête marocain

Faut-il continuer à produire de la pastèque rouge qui nécessite une importante quantité d’eau et épuise les sols, alors que le Maroc connaît la pire sécheresse depuis quatre décennies ? La question divise les producteurs, exportateurs et...

Maroc : l’hydrogène vert pour atteindre l’autosuffisance alimentaire

La production de l’hydrogène vert dans la région de Dakhla et son utilisation pour le dessalement de l’eau de mer, permettront au Maroc d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs marocains.

Maroc : croissance économique malgré l’inflation persistante

Le taux d’inflation au Maroc va poursuivre sa tendance à la baisse, mais ne retrouvera pas son niveau d’avant 2022, a indiqué le Haut-commissariat au plan (HCP) dans un récent rapport, notant une croissance de +3,3 % au quatrième trimestre de 2023,...