Migrants à Sebta : le Maroc évoque la fatigue des policiers
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Les relations surchauffées entre Madrid et Rabat vont permettre, de façon irréversible, de sortir le Maroc des clichés sous lesquels il apparaît aux yeux de l’Espagne et même de l’Europe toute entière. C’est l’avis du quotidien français Le Monde qui analyse la question migratoire sous différents angles aussi bien diplomatique que géopolitique.
Pour Le Monde, tout porte à confirmer que l’afflux subi de près 8000 Marocains dans l’enclave espagnole en moins de 72 heures, a été planifié par les autorités marocaines. Selon la publication, cet épisode de la crise diplomatique entre les deux pays va marquer pour bien longtemps encore, Madrid mais aussi l’Europe. Ceci en dépit du fait que plus de 5600 des Migrants ont été rapatriés vers leur pays, la carte jouée par le Maroc aura blessé profondément Madrid par-delà, Bruxelles. En effet, l’arme migratoire utilisée par Rabat rappelle à l’Europe, la stratégie du Turc Recep Tayip Erdogan et de l’ex-Guide Lybien, Mohamed Kadhaffi. Ils « n’ont pas hésité à jouer de l’arme migratoire en Méditerranée pour faire pression sur l’Europe », rappelle l’éditorialiste avant d’avertir que « l’attitude de Rabat constitue un fâcheux précédent ».
Analysant la question sous le prisme diplomatique, le journal rappelle que Rabat avait promis que la décision unilatérale de l’Espagne de recevoir en catimini Brahim Ghali, chef du Polisario, aura des conséquences. Et la réponse promise par Rabat se révèle être « la vague migratoire orchestrée vers Ceuta ».
Pour le journal, le royaume du Maroc n’a pas hésité à agir ainsi, car il se sent assuré par son succès diplomatique sur la question du Sahara. Sur ce dossier, les USA, sous Donald Trump, ont reconnu la « souveraineté marocaine » sur le Sahara en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et l’Israël.
Toutefois, avertit l’analyste, il s’agit d’un pari bien risqué. L’afflux dans l’enclave de Ceuta de migrants mineurs (enfants et adolescents ou encore nourrissons), au péril de leur vie et sous la passivité de la police marocaine, pourrait fortement écorcher l’image du royaume. Cela peut apparaître comme un acte de « cynisme d’un pouvoir prêt à sacrifier froidement sa jeunesse sur l’autel de ses intérêts diplomatiques ». Les scènes de migrants marocains de tous âges, prêts à mourir que de rester dans leur pays, illustrent la précarité sociale d’une certaine population marocaine qui ploie sous la misère ambiante malgré l’image de pays émergent qu’on tente de montrer à la face du monde.
Au-delà des forces et revers diplomatiques, la publication invite à regarder le royaume avec réalisme en tenant grand compte de ses nombreuses potentialités. Porte d’entrées vers l’Afrique occidentale et positionné au cœur de la coopération sécuritaire et migratoire dans la région, le Maroc pratique un islam éclairé. Sa diaspora en Europe est dynamique, parfois influente. En revanche, atténue le quotidien, la gouvernance marocaine se veut de plus en pus, autoritaire, citant les emprisonnements de journalistes et d’intellectuels critiques, citant le cas de Soulaiman Raissouni.
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