Maroc : quand les vacances tournent au cauchemar

2 juillet 2025 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Pour de nombreuses familles marocaines, l’été vire au cauchemar dans le Nord du pays. Entre locations hors de prix et services décevants, l’expérience est loin d’être idyllique. Voici quelques témoignages qui révèlent les dessous de ces vacances mouvementées.

« 850 dirhams la nuit pour un appartement miteux sans climatisation ! Le propriétaire m’avait montré des photos magnifiques sur WhatsApp. Sur place, c’était la douche froide. Littéralement », s’enflamme auprès de Hespress Amine, venu passer une semaine de vacances à Martil avec sa femme et ses deux enfants. Comme ce père de famille originaire de Meknès, des centaines de vacanciers dénoncent la hausse des prix et la mauvaise qualité des services touristiques cet été. « En cinq jours à Agadir, j’ai claqué l’équivalent de mon salaire mensuel. Et mes enfants n’ont même pas pu profiter correctement de la piscine, elle était verte », se plaint Salma, une mère de deux enfants.

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Les vacanciers dénoncent les propriétaires de biens locatifs dont les offres mensongères n’ont rien à voir avec la réalité, ainsi que les restaurants qui n’affichent pas les prix des menus pour faire du chiffre pendant la saison estivale. « On était en famille dans un resto de Fnideq, très connu d’ailleurs. Pas de prix sur la carte, on s’en doutait, mais bon… À l’addition, ils nous ont réclamé le double de ce qu’on attendait. Quand j’ai protesté, le serveur m’a répondu : “C’est de la haute saison, on n’y peut rien” », témoigne Khalid. Rachida, venue de Rabat avec ses trois enfants pour passer quelques jours à Tanger, est dépassée par l’anarchie sur la plage. « Un jeune est venu nous dire de dégager parce que cette partie de plage était ‘réservée aux clients du snack’. Mes enfants ne comprenaient pas pourquoi on devait partir. Moi non plus d’ailleurs », confie-t-elle.

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Malgré les interdictions, les loueurs de parasols et les snacks occupent illégalement les plages, empêchant les estivants de profiter pleinement des espaces de détente. « Chaque matin, c’est la même comédie. On dégage les vendeurs illégaux, et le soir, ils sont de retour. On n’a ni les moyens ni les effectifs pour surveiller 24 h/24 », s’exaspère un agent municipal de Tétouan. Pour ne plus subir le chaos sur les plages, les vacanciers marocains délaissent de plus en plus les stations balnéaires. « L’an dernier, on est restés à Casablanca. Avec ce qu’on dépense en une semaine à la côte, on peut s’offrir des sorties toute l’année ici », affirme Youssef, informaticien et père de famille.

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Chat échaudé craignant l’eau froide, les Marocains ayant déjà été victimes d’escroquerie lors de vacances précédentes, font preuve de prudence. « J’ai versé 2 000 dirhams d’avance pour un appartement à Tanger. Arrivée sur place, plus personne au bout du fil. L’appartement n’existait même pas ! À la police, on m’a dit de porter plainte et d’attendre… J’attends toujours », confie Ikram. Les professionnels ne sont pas épargnés. « Les clients arrivent méfiants, échaudés par les mauvaises expériences ailleurs. Il faut se battre pour prouver qu’on n’est pas des escrocs », déplore Fatima, gérante d’un restaurant familial à Asilah.

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