Des Marocains empêchés de venir travailler en France

12 avril 2025 - 19h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Comme les années précédentes, les hôtels-restaurants, cafés, discothèques ou traiteurs lozériens (Sud de la France) dont la moitié travaille de façon saisonnière ont encore du mal à recruter des travailleurs étrangers, notamment en provenance du Maroc.

« Il manque toujours de 120 à 150 saisonniers sur le département… », a précisé à La Dépêche Denis Carminati, ancien patron de l’auberge du Moulin à Sainte-Énimie, et président lozérien de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Cette pénurie de main-d’œuvre s’est intensifiée pendant la pandémie de Covid-19. Depuis la crise du Covid, c’est devenu « un véritable parcours du combattant. Au niveau national, dans notre branche, il y a 200 000 emplois qui ne sont pas pourvus. Les Français veulent tous être fonctionnaires ou Premier ministre, ou rester au chômage. Mais ils ne veulent plus faire ce travail », a encore précisé Carminati.

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Le problème est bien réel. « J’ai besoin d’un chef en CDI et d’un commis, mais je ne trouve pas, déplore Amine Nfinif, du restaurant mendois Taj Mahal. France Travail m’envoie des gens sans expérience, ou sans motivation. » Dans la foulée, il reçoit un profil qui l’intéresse, mais il lui est difficile de le recruter. « J’ai reçu sur mon profil employeur le CV d’un chef qui vit au Maroc. Il est motivé, il connaît bien la cuisine que je fais, mais l’Office français de l’immigration à Casablanca ne lui donne pas de rendez-vous pour faire la visite médicale, raconte cet immigré installé depuis quinze ans en Lozère. Il ne peut donc pas postuler à un visa de travail… Cela fait quatre mois et demi que ça dure. »

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Téléphone en mains, Amine montre les notifications qu’il reçoit : « Ce sont des réponses automatiques à mes e-mails, où on me donne un numéro à appeler qui ne répond jamais. La préfecture, à Mende, me dit qu’elle ne peut rien faire. » Celui qui a repris le Taj Mahal en 2022, et qui travaille aussi à la laiterie du Massegros, s’est vu obligé de se mettre en congés sans solde jusqu’en août en raison de la pénurie de main-d’œuvre : « Pour l’instant je suis au restaurant avec un seul salarié… J’occupe deux emplois en même temps pour faire marcher mon affaire, c’est l’enfer. »

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Aux yeux de Carminati, cette situation n’est pas isolée. Selon ses explications, elle force certains professionnels à limiter leur activité, faute de saisonniers. « Les associations de migrants nous aident, mais il y a toujours des blocages. Demander une régularisation, c’est compliqué aussi. C’est dommage, car ce sont des gens qui veulent travailler. Beaucoup d’employeurs proposent aussi des logements gratuits. Et je tiens à la préciser : ils sont payés comme les Français », a-t-il ajouté.

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