Plus de 300 mineurs marocains « oubliés » dans les centres de Sebta

18 mai 2022 - 07h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

Mohamed C. fait partie des 1 356 mineurs marocains arrivés à Ceuta en mai 2021. Il est l’un des rares chanceux qui ont réussi à rejoindre la péninsule. Plus de 300 mineurs séjournent encore dans les centres d’accueil de la ville autonome.

« Aujourd’hui, je suis heureux, bien plus que lorsque j’étais à Ceuta il y a un an », confie Mohamed C. à Cadena Ser. Il est l’un des jeunes migrants marocains qui sont entrés en masse à Sebta les 17, 18 et 19 mai dernier, provoquant une crise migratoire inédite. Ce jeune originaire de Fnideq, alors âgé de 14 ans, raconte sa mésaventure. « C’était très dangereux, c’était très dur. Quand je m’en souviens, je me mets à pleurer. J’ai passé trois jours à dormir dans la rue… », déclare-t-il.

Le lendemain de son arrivée, la Croix-Rouge l’a conduit dans les entrepôts de Tarajal, où il a passé une semaine à « dormir par terre », puis a été emmené dans un centre sportif où il a passé plusieurs mois avant d’être transféré au Centre de La Esperanza. Il a été scolarisé en octobre à Sebta à l’institut Siete Colinas et depuis le 25 mars dernier, vit dans un centre de mineurs dans la péninsule.

À lire : Ceuta : à quand le retour de tous les mineurs marocains ?

Mohamed soufflera ses 16 bougies en juillet prochain. Il rêve de devenir « policier ou médecin ». Il a gardé le contact avec d’autres mineurs qui ont été aussi transférés de Sebta à Madrid, Murcie ou le Pays-Basque. Il communique aussi tous les jours avec ses parents, assure-t-il. « Ma famille me manque, mais je sais que ça ira mieux pour moi ici et je pourrai les aider, notamment ma petite sœur qui est malade », affirme-t-il.

« Personne ne veut rester à Ceuta. Tout le monde veut partir dans la péninsule pour gagner sa vie », assure Mohamed, soulignant que 318 mineurs continuent d’être sous la tutelle de Sebta, selon des sources officielles, que plusieurs autres continuent d’errer dans les rues de la ville autonome, près du port, guettant la moindre occasion pour rejoindre la péninsule, et que 55 autres ont été « illégalement » expulsés vers le Maroc, en violation des droits des enfants.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Ceuta (Sebta) - Enfant

Aller plus loin

Ceuta : à quand le retour de tous les mineurs marocains ?

Des milliers de migrants mineurs sont entrés à Ceuta en mai dernier, provoquant une crise migratoire inédite. Aujourd’hui, ils sont encore plus de 370 enfants et adolescents...

Sebta : un an de prison pour avoir tiré sur des mineurs marocains

Le tribunal provincial de Cadix a condamné deux résidents de Sebta à un an de prison pour avoir tiré sur un Marocain de 17 ans avec une carabine et diffusé ensuite la vidéo sur...

Mineurs : le président de Ceuta assume les retours « illégaux » au Maroc

Le président de Ceuta, Juan Vivas, a déclaré samedi qu’« il a encouragé et autorisé toutes les actions » de sa vice-présidente, Mabel Deu (PP), dans le cadre des retours des...

Le Maroc va autoriser le retour des mineurs de Ceuta

Les relations entre le Maroc et l’Espagne se normalisent. Après le changement de position de l’Espagne sur le Sahara, le roi Mohammed VI a invité Pedro Sanchez à effectuer une...

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Un réseau familial marocain démantelé dans le Lot-et-Garonne

Les gendarmes de la Brigade de recherches de Bouliac ont démantelé un réseau d’exploitation d’ouvriers agricoles. Six personnes ont été mises en examen jeudi 12 décembre, dont un couple de Marocains placé en détention provisoire.

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.

Ouverture exceptionnelle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie

La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.

Enfants de Dounia Batma : Mohamed Al Turk dénonce une exploitation sur les réseaux sociaux

Mohamed Al Turk, l’ex-mari de Dounia Batma actuellement en détention, reproche à la sœur de l’actrice marocaine, Ibtissam, de chercher à gagner la sympathie des Marocains en publiant des photos de leurs filles, Ghazal et Laila Rose, sur les réseaux...

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.

Booder se confie sur ses problèmes de santé

Invité sur l’émission Une heure avec… diffusée sur RFM, l’humoriste franco-marocain Booder a fait d’étonnantes révélations sur son enfance. Il a été très malade lorsqu’il était jeune.

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.