Maroc : une "mafia des masters" dénoncée

22 octobre 2020 - 16h00 - Maroc - Ecrit par : I.L

Le fonctionnement des masters dans les universités nationales a été décrié par un professeur de Droit pénal à la FSJES de Meknès relevant de l’Université Moulay Ismaïl. Cette dénonciation lui a valu une interdiction des cours magistraux.

Dans une vidéo de 100 minutes publiée le 13 octobre sur sa chaîne Youtube, le professeur a révélé les tares liées au fonctionnement des masters, allant de sa création à l’évaluation des étudiants, rapporte Medias24. Ces critiques ne sont qu’une partie de la face cachée de l’iceberg. Le professeur promet d’autres révélations dans les tout prochains jours.

Dans sa vidéo, le professeur a rappelé que la création d’un master exige le respect d’un certain nombre de critères qui font défaut dans les universités marocaines. Le titulaire du master doit présenter un "dossier descriptif", dans lequel il détaille, entre autres, les conditions d’accès, le nombre de mentions requises pour que le candidat soit sélectionné, les modules, les matières et l’équipe pédagogique.

Pour Abdelakbir Sossi El Alaoui, les relations amicales priment souvent sur les compétences. A l’en croire, l’équipe pédagogique composé par le titulaire du master est souvent constitué de “professeurs-amis”. Cette pratique est “inconcevable et injuste à l’égard d’autres professeurs méritants qui peinent à compléter leurs heures obligatoires, alors que d’autres arrivent à atteindre le plafond des 20 heures supplémentaires”, a-t-il martelé.

Ce même phénomène s’observe lors de la validation du dossier descriptif présenté au chef de filière et au doyen, dernière étape avant l’évaluation du dossier par le ministère de tutelle. Au dire d’Abdelakbir Sossi El Alaoui, la nature de la relation entre le professeur, titulaire du Master et le doyen peut jouer en sa faveur ou, au contraire, le désavantager. A ce titre, il propose que le dossier descriptif soit publié en ligne pour faciliter la tâche aux étudiants intéressés par ce Master. “Pour découvrir un master, les étudiants doivent demander à leurs aînés de leur faire un topo afin de connaître les matières, les critères de sélection, la forme du concours, etc. Pourtant, ils pourraient en un clic tout savoir”, a-t-il précisé.

L’autre dénonciation du professeur de droit est la forme du concours d’accès au Master. Il a invité le ministère à supprimer les mentions parmi les critères de sélection et à organiser un concours national à l’image du baccalauréat. “Le master est à prendre avec autant de sérieux que le baccalauréat. Il est inconcevable que les personnes qui posent les questions d’examens soient celles qui corrigent”, a-t-il ajouté.

Quelques heures après cette la publication de sa vidéo, le mis en cause a été sanctionné par la commission scientifique de la filière du Droit privé relevant de l’Université Moulay Ismaïl. Le professeur Abdelakbir Sossi El Alaoui conteste cette sanction et promet saisir les instances compétentes au moment opportun.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Meknès - Education - Etude

Aller plus loin

Aucune université marocaine dans le classement Shanghai 2020

Aucune université marocaine n’est présente sur la liste des 1000 universités mondiales. C’est ce que l’on remarque, malheureusement, dans le dernier classement académique 2020...

Top-100 des universités africaines : l’enseignement supérieur marocain fait piètre figure

L’enseignement supérieur marocain se porte mal. C’est ce que fait savoir l’annuaire spécialisé Unirank, qui classe les universités marocaines parmi les moins brillantes du...

La plus ancienne université au monde se trouve au Maroc

La plus ancienne université au monde encore en activité, se trouve bel et bien au Maroc, et plus précisément dans la ville de Fès. Il s’agit de l’Université Al Qarawiyyin de Fès.

Voici la meilleure université au Maroc

L’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah (USMBA) de Fès fait partie des 1000 premières universités au monde, d’après les données du «  Times Higher Education University ranking...

Ces articles devraient vous intéresser :

Ces diplômés marocains qui font le succès d’autres pays

C’est une fuite discrète qui coûte cher au Maroc. Chaque année, des milliers de ses meilleurs éléments quittent le navire, affaiblissant son économie et sa capacité à innover. Un rapport a mis des chiffres sur ce défi majeur et explore les pistes pour...

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

Écoles privées au Maroc : hausse des frais et colère des parents

Des écoles privées ont décidé d’augmenter les frais de scolarité à la prochaine rentrée au grand dam des parents d’élèves. Préoccupée, une députée du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) appelle le gouvernement d’Aziz Akhannouch à agir pour empêcher...

Maroc : constat inquiétant pour les élèves

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) pour 2022, révélant des difficultés majeures dans l’apprentissage au sein de l’école...

Maîtrise de l’anglais : le Maroc à la traîne

Alors que les Marocains délaissent de plus en plus le français pour l’anglais, le Maroc est encore à la traîne quant à la maitrise de langue de Shakespeare.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

Maroc : Vent debout contre le français à l’école

Au Maroc, un regroupement d’enseignants, d’étudiants et d’élèves s’oppose à l’enseignement des matières scientifiques en français dans les écoles publiques, dénonçant une violation de la Constitution et des textes régissant le secteur de l’éducation.

Maroc : indignation après l’assassinat d’une enseignante par un élève

Au Maroc, la Fédération nationale de l’enseignement (FNE, affiliée à l’Union marocaine du travail) appelle à une mobilisation forte et immédiate après l’agression violente d’une enseignante par un élève ayant entraîné la mort de celle-ci.

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.