Val-d’Oise : un praticien en circoncision interpelé pour pratique illégale

15 juillet 2024 - 10h30 - France - Ecrit par : P. A

Hocine, 37 ans, un « praticien en circoncision », a été interpelé le 14 mai dernier à son domicile à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), puis mis en examen pour exercice illégal de la médecine.

Le circonciseur a été mis en examen par un juge d’instruction du tribunal de Pontoise (Val-d’Oise) pour avoir réalisé des circoncisions sur deux enfants de 6 ans et 5 ans, ayant entrainé des complications. « Tout ça part de mars 2019. Il y a des parents d’un enfant de 6 ans qui sont inquiets de la cicatrisation de leur fils après la circoncision. Ils se présentent aux urgences de l’hôpital de Rennes, où les médecins jugent que le nombre de points de suture est insuffisant. Il y en a eu trois. Ils estiment qu’il en aurait fallu six, mais il n’y a pas de règle en la matière. Et finalement, ils ont laissé la cicatrice en l’état », explique Me Nicolas Oudet, l’avocat de Hocine.

Le personnel médical dudit hôpital a adressé un signalement à son sujet au parquet et à l’Ordre des médecins. Une enquête judiciaire a été ainsi ouverte et a abouti à l’interpellation de Hocine le 14 mai à son domicile à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), puis à son placement en garde à vue pendant quarante-huit heures. Le jeune homme de 37 ans assure n’avoir « jamais été inquiété » ni « reçu d’appel ou de convocation par rapport à [s]on métier ». Le circonciseur est mis en examen pour exercice illégal de la médecine, blessures involontaires, travail dissimulé et blanchiment (non déclaration de ses revenus et son activité). Finalement, il a été placé sous contrôle judiciaire, relaie Le Parisien.

À lire : Une circoncision ratée fait condamner à un médecin à 10 millions de dirhams

Sur son site internet, Hocine se présente comme un « praticien en circoncision ». Un titre qui pourrait prêter à confusion auprès du public, estime Anne-Marie Trarieux, présidente de la section éthique et déontologie du Conseil de l’ordre. « Sur mon site Internet, j’ai vraiment joué la carte de la transparence et de l’honnêteté. Je n’ai jamais dit que j’étais médecin. Et quand des gens m’appellent docteur, je les reprends aussitôt et je leur explique », clarifie Hocine qui précise avoir suivi en 2017 au Maroc une formation pour devenir circonciseur, sanctionnée par un diplôme. Le jeune homme assure avoir déjà réalisé « plusieurs milliers de circoncisions en France et à l’étranger » et « plus de mille interventions à domicile en Île-de-France ».

« Il n’y a pas de réglementation sur la pratique de la circoncision rituelle. Personne ne peut nous expliquer en quoi c’est illégal. Sinon, il faut mettre en examen tous les mohalim de France (nom donné aux circonciseurs dans la religion juive, ndlr) », fait savoir Nicolas Oudet. Le Conseil de l’ordre des médecins confirme : « La circoncision est une pratique admise, mais ne fait l’objet d’aucun texte ». En définitive, Hocine « ne peut pas démontrer qu’il a le droit, mais on ne peut pas prouver qu’il n’a pas le droit », tranche son avocat.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Santé - Enfant

Aller plus loin

Maroc : Un faux chirurgien et ses complices derrière les barreaux pour une opération ratée

Un faux médecin et deux agents de sécurité de l’hôpital Ibn Sina ont été condamnés par la chambre criminelle chargée des crimes financiers de la cour d’appel de Rabat. Tous sont...

Chefchaouen : quand une campagne de circoncision tourne au drame

À Chefchaouen, cinq enfants ont connu des complications graves après avoir subi une circoncision dans le cadre d’une campagne organisée par une association locale au profit de...

Des faux chirurgiens esthétiques français arrêtés à Marrakech

Se basant sur les informations précises fournies par les services de la Direction générale de la surveillance du territoire national (DGST), les éléments de la police judiciaire...

Condamné en France, un pseudo médecin sévit au Maroc

Alors que la cour d’appel de Paris l’a définitivement condamné à deux ans de prison avec sursis pour « exercice illégal de la médecine » et « usurpation du titre de médecin »,...

Ces articles devraient vous intéresser :

« Le mariage avant l’école »

Les propos d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), et par ailleurs ancien chef de gouvernement sur le mariage et l’éducation des jeunes filles font polémique.

Le thon consommé par les Marocains dangereux pour la santé ?

Hanane Atarguine, députée du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle le gouvernement marocain sur la présence de mercure dans les conserves de thon. S’appuyant sur des rapports internationaux d’organisations sanitaires, elle alerte sur...

Alerte rouge sur un miel commercialisé au Maroc

Le Centre marocain de lutte contre l’intoxication et de vigilance pharmaceutique (CAPM) alerte sur la consommation d’un miel commercialisé à l’origine du décès d’un jeune Marocain.

Ramadan et diabète : un mois sacré sous haute surveillance médicale

Le jeûne du Ramadan, pilier de l’islam, implique une abstinence de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Si ce rite revêt une importance spirituelle majeure pour les fidèles, il n’en demeure pas moins une période à risque pour les personnes...

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Bilal Ould-Chikh : « j’apprends que j’ai une tumeur de 5cm dans la moelle »

L’attaquant Bilal Ould-Chikh, 27 ans, est de retour sur les terrains après avoir surmonté une tumeur bénigne à la moelle épinière, diagnostiquée en mars dernier. Le joueur du FC Volendam (D2 néerlandaise) revient sur cette épreuve avec une philosophie...

MRE : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

La question de l’importation de médicaments personnels se pose fréquemment pour les voyageurs se rendant au Maroc. L’Administration des Douanes marocaine a prévu un dispositif de franchise de droits de douane pour les médicaments à usage personnel....

Plages au Maroc : l’embarrassante absence de toilettes publiques

Au Maroc, la plupart des plages sont dépourvues d’infrastructures sanitaires (toilettes, douches, centres de secours…). Une situation qui crée des désagréments aux touristes et aux MRE, surtout pendant la saison estivale.