France : une élue musulmane agressée pour avoir porté le voile

22 juin 2021 - 21h10 - France - Ecrit par : P. A

Pour avoir porté le voile en tant que présidente d’un bureau de vote dimanche, lors du premier tour des élections départementales, Rachida Kabbouri, une conseillère municipale EELV de Vitry-sur-Seine, a été victime d’agression verbale par des votants, avant d’être remplacée par un assesseur. La préfète a estimé que, conformément à la loi, elle devait faire preuve de neutralité et ne porter aucun signe religieux.

« Une femme est entrée dans le bureau numéro 15 de l’école Jean-Jaurès, dont j’étais la présidente. Elle m’a insultée, me traitant d’« islamiste » car je portais un foulard. La commission de contrôle qui était passée voir le bon fonctionnement du bureau ne m’avait pas reproché de porter un foulard. Un des assesseurs portait un béret typiquement français ! Tout se passait à merveille jusqu’à cet incident. », raconte Kabbouri, choquée.

Pourtant, la préfecture du Val-de-Marne assure avoir enregistré « plusieurs remontées » de plaintes de votants par ses services, ce qui l’a amenée à consulter le Code électoral pour savoir la conduite à tenir, fait savoir Le Parisien. Selon le texte, un président de bureau de vote, en tant que représentant de l’État, délégué par le maire pour jouer un rôle essentiel dans le déroulement du scrutin, doit faire preuve de neutralité, et donc, ne doit porter aucun signe religieux ostensible. En revanche, « les assesseurs, eux, ne sont pas soumis à cette neutralité, car ils sont désignés par les candidats », précise la préfecture.

À lire : France : un maire victime de tags racistes

« La préfète a donc contraint le maire de Vitry à me relever de mon poste de présidente et à me faire permuter avec l’assesseur le plus âgé. Le maire s’est excusé pour cette aberration, très embarrassé par une situation incohérente. Cela nous renvoie l’idée que les Français issus de la diversité resteront toujours les larbins de service ! », s’indigne Rachida Kabbouri. « En tant que représentante de l’État, elle ne pouvait pas porter le foulard. Nous nous étions posé la question, mais nous n’avions pas eu la même interprétation que la préfecture. La situation a beaucoup ému Kabbouri, c’était dur pour elle. Je salue son esprit républicain, car elle a accepté de permuter de rôle et n’a rien dit », déclare pour sa part, Pierre Bell-Lloch, le maire PCF de Vitry.

« Si on me reproche le foulard, qu’on bannisse alors les barbes des hommes et qu’ils viennent rasés de près puisque la barbe est un signe dit religieux ! », s’est offusquée lundi, Rachida Kabbouri, par ailleurs présidente de l’association Les 2L qui promeut l’égalité femme-homme et lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes. Et d’ajouter : « Dimanche, j’ai ressenti de l’injustice et de l’exclusion jusqu’aux larmes, cela vous prend aux tripes comme un coup asséné par surprise. Pire que la claque de Macron, car lui garde quand même son poste… »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Racisme - Elections

Aller plus loin

Une femme « probablement voilée » assassinée à Nantes

Une femme de 47 ans “probablement voilée” a été agressée dimanche matin à Nantes. La victime a succombé à ses blessures, le suspect est en fuite, tandis qu’une enquête a été...

« Tête d’arabe », Sonia Mabrouk essuie des insultes racistes

Alors que Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction du magazine Causeur commentait les déclarations d’une mère de famille à propos de la mixité, elle a qualifié sa collègue...

Une lycéenne musulmane de Caen victime d’une attaque raciste

Une élève musulmane, pensionnaire de l’internat du lycée Jean Rostand de Caen, a subi jeudi une attaque raciste en raison de sa religion. Son coran a été déchiré et son voile...

France : une députée dénonce l’acharnement sur les femmes musulmanes voilées

Fatiguée des récriminations quotidiennes sur le port du voile, une députée française a fait part de tout son dégoût et de sa gêne devant le discours sur l’interdiction du port...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : quand l’achat des voix s’invite dans les élections

Au Maroc, certains présidents de commune, candidats à leur succession à l’occasion de la session d’octobre, sont accusés d’avoir commencé à acheter les voix de certains élus pour garantir leur réélection.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.