Changement de la perception des agriculteurs français, soutiens du RN, sur les saisonniers marocains

2 décembre 2022 - 10h20 - France - Ecrit par : S.A

Les agriculteurs français continuent de se tourner vers le Maroc pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. Ceux qui sont des soutiens du Rassemblement national (RN) et qui n’hésitent pas à évoquer un problème d’immigration commencent à changer leur perception sur les saisonniers marocains.

« J’embauche de la main d’œuvre étrangère parce que je n’ai personne d’autre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas voter Rassemblement national et faire venir des étrangers pour travailler », a déclaré à Radio France Pascal, 57 ans, fils d’agriculteurs, maraîcher dans le Lot-et-Garonne, et par ailleurs un des soutiens du Rassemblement national. Il leur délivre des contrats de travail, leur permettant d’obtenir un titre de séjour. Ces saisonniers étrangers l’aident à augmenter ses rendements. Il estime toutefois qu’il y a un problème d’immigration en France. « Le but c’est d’arrêter cette immigration abusive qui fait rentrer des étrangers en France qui viennent que pour le social ».

À lire : Les agriculteurs français redoutent une pénurie de saisonniers marocains

Tout comme Pascal, David, 40 ans, agriculteur en Charente-Maritime emploie des saisonniers étrangers. Il s’occupe de l’exploitation familiale. La surface cultivée est passée de 110 hectares à 400 hectares aujourd’hui. Après le départ à la retraite de son père, il a lancé une offre sur Pôle emploi pour avoir une personne supplémentaire pour gérer l’exploitation. Aucune candidature reçue. « C’est le Français qui ne veut pas aller ramasser le blé. Donc faut pas se plaindre si les étrangers sont là », fait-il observer.

À lire : Les ouvriers marocains, une main d’œuvre précieuse pour les vignerons corses

Il réussit à recruter par le biais d’un agriculteur habitué à faire appel depuis plusieurs années à des travailleurs saisonniers étrangers Athmane, 36 ans, issu d’une famille d’agriculteurs au Maroc. Depuis, il n’est plus vraiment en accord avec certaines valeurs de l’extrême droite. Pour David, point besoin de protéger la France avant de faire entrer de la main-d’œuvre étrangère. Le saisonnier marocain et lui ont développé une relation amicale, laquelle est à l’origine de son changement d’opinion ou de perception sur l’embauche des saisonniers étrangers.

A lire : En l’absence de saisonniers marocains, des agriculteurs français s’inquiètent pour leur production

« Sa mentalité m’a fait me remettre en question sur beaucoup de choses. Qu’est-ce qui est important dans la vie ? Je ne pensais vraiment pas m’attacher et mettre le salarié au cœur de l’exploitation comme ça. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Agriculture - Immigration

Aller plus loin

Bloqués en Corse, des saisonniers marocains en colère contre les autorités marocaines

Suite à la prolongation de la suspension de tous les vols de passagers de et vers le Maroc jusqu’au 31 janvier 2022, 300 travailleurs agricoles saisonniers marocains se...

La France facilite le recrutement des saisonniers marocains

Les autorités marocaines et françaises viennent de signer une convention-cadre pour faciliter le recrutement de travailleurs saisonniers agricoles marocains dans les...

France : du changement dans le recrutement des saisonniers marocains

À l’initiative de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA), 1200 saisonniers marocains ont été recrutés en 2022 pour Lot-et-Garonne, le...

Sans salaire, ni eau ni électricité : la détresse des Marocains oubliés du Vaucluse

Dix-sept saisonniers marocains se retrouvent coincés dans le Vaucluse, faute de salaire. Dépourvus du minimum, ils vivent dans des conditions difficiles, mais sont déterminés à...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc contraint de réorienter sa production agricole

Face à la sécheresse et au stress hydrique d’une part, et à l’inflation d’autre part, le gouvernement marocain est contraint de revoir sa politique agricole et alimentaire pour garantir l’eau et le pain.

Les agriculteurs bretons dénoncent « l’invasion » de la tomate marocaine

Une action d’étiquetage a été lancée le vendredi 2 juin 2023 par les producteurs de tomates d’Ille-et-Vilaine et la FDSEA 35, pour dénoncer les tomates importées du Maroc.

Le Maroc en guerre contre la cochenille

Au Maroc, le ministère de l’Agriculture a mis en place des mesures pour limiter la propagation de la cochenille, un insecte ravageur des cultures de cactus.

Maroc : la croissance s’accélère au 3ᵉ trimestre

Le Maroc s’attend à une légère accélération de son économie ce trimestre, avec une croissance prévue de 3,4 %, comparée à 3,2 % au trimestre précédent, selon les prévisions du Haut-commissariat au Plan (HCP).

Le Maroc contraint d’importer du blé

Le Maroc se tourne une fois de plus vers le marché international pour augmenter ses importations de blé afin de compenser la baisse considérable de sa production durement touchée par la sécheresse cette année.

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Maroc : la question des dattes algériennes arrive au parlement

Le groupe Haraki à la Chambre des Représentants a interpellé le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sidiki, sur les dattes notamment d’origine algérienne qui ont inondé le marché marocain avant le début du mois de ramadan.

Les Marocains vont-ils manquer de dattes pour le Ramadan ?

À quelques semaines du mois sacré de Ramadan, des doutes subsistent quant à la disponibilité des dattes en quantité suffisante et à des prix abordables.

Le prix des lentilles s’envole au Maroc

Le prix des lentilles a considérablement augmenté au Maroc, atteignant 32 dirhams le kilo chez les détaillants, contre 25 dirhams pour les lentilles importées.

Après les tomates, le Maroc « inonde » l’Europe de poivron

Après la tomate, le poivron. Le Maroc confirme de plus en plus sa place d’exportateur de poivron, notamment vers l’Europe, avec une forte augmentation de 45 % des exportations ces dernières années.