Avocat marocain : Récolte exceptionnelle mais à quel prix ?

1er janvier 2024 - 08h30 - Economie - Ecrit par : S.A

Malgré la sécheresse qui a touché l’extrême nord-ouest du Maroc, les producteurs marocains d’avocats s’attendent à une récolte exceptionnelle cette saison.

Le Maroc s’achemine vers une augmentation de 2 % de la production d’avocats pour la saison (octobre-avril). La production d’avocats à travers le pays pour cette saison pourrait atteindre 60 000 tonnes contre 40 000 tonnes l’année dernière (90 % de variété Hass), affirme Abdellah Elyamlahi, président de l’Association marocaine des exportateurs d’avocats auprès de l’AP. Mohamed Lakchouch, producteur à Larache, au nord-ouest du Maroc, confirme l’augmentation de la production. Avec sa ferme d’avocatiers d’environ 10 hectares, il affirme avoir produit cette année 90 tonnes d’avocats Hass, soit une augmentation de 30 % par rapport aux trois dernières années.

À lire : Maroc : une croissance paradoxale entre exportations et importations d’avocats

Elyamlahi explique cette hausse de la production : « La région nord du Maroc connaît des précipitations et dispose d’importantes réserves d’eau, contrairement au sud du Maroc, comme Agadir et le Sahara. 20 % de l’augmentation de la production est due à la croissance des exploitations agricoles. » Lakchouch attribue, lui, l’augmentation de la production d’avocats dans sa ferme à plusieurs facteurs. « J’avais de jeunes arbres. Il est donc normal que la production augmente chaque année. Il y a d’autres facteurs qui jouent un rôle dans l’augmentation de la production, par exemple l’absence de verglas, de températures élevées et de vent également. Avec la présence de conditions climatiques appropriées, la production augmente. »

À lire : L’avocat marocain fait chuter les prix en Europe

Selon Mustapha Laissate, chercheur en environnement à Rabat, il s’avère nécessaire de réglementer les exploitations agricoles. « L’État a désormais développé une stratégie pour faire face à la pénurie d’eau. Dans ce contexte, il est nécessaire de réglementer la culture de ces types d’arbres, ainsi que des pastèques, qui doivent se trouver dans des zones caractérisées par une eau abondante, comme le bassin de Lookkos et la région du Gharb », analyse-t-il. Il ajoutera : « Cependant, leur présence est difficile dans les zones où nous avons besoin d’eau potable et où se trouvent le bétail et les usines, afin d’éviter un déséquilibre des ressources en eau qui devrait couvrir d’autres zones ».

À lire : Le Maroc, 11e producteur mondial d’avocat

La production augmente, mais le Maroc fait face à une difficulté importante. Selon les explications d’Elyamlahi, les avocats de cette année sont plus petits. Par conséquent, ils sont moins compétitifs sur les marchés internationaux. « Il y a des problèmes qui accompagnent l’augmentation de la production, à savoir la petite taille du fruit. […] C’est ce qui a affecté la commercialisation à l’heure actuelle, car au cours de ces mois, il y a un groupe de pays qui ont la même taille (uniforme) d’avocats qui sont ensuite exportés vers le principal marché vers lequel le Maroc exporte, qui est l’Europe. »

À lire : Le Maroc exporte chaque année 25 000 tonnes d’avocat

« Les grandes quantités d’avocats qui se trouvent encore au Maroc, si elles s’accumulent, cela entraînera des résultats néfastes, comme une baisse des prix et l’impossibilité de les exporter ou de les exporter à bas prix, et ce n’est pas une question saine et durable », ajoute-t-il.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Agriculture - Météo Maroc

Aller plus loin

Maroc : une croissance paradoxale entre exportations et importations d’avocats

Alors que le Maroc produit de plus en plus d’avocat, devenant l’un des principaux fournisseurs en Europe, la part des importations continuent de croître.

Le Maroc exporte chaque année 25 000 tonnes d’avocat

Le Maroc enregistre depuis quelques années une progression constante de la production d’avocats. Les nombreux vergers d’avocatiers apparus ont porté la culture de cette année à...

L’avocat : l’or vert qui assoiffe le Maroc

La culture de l’avocat nécessite une importante quantité d’eau. Au Maroc, des voix s’élèvent pour appeler à l’interdiction de cette culture, en cette période de sécheresse...

Maroc : record d’exportations d’avocat, mais à quel prix ?

Les agriculteurs marocains continuent de produire de l’avocat destiné à l’exportation, malgré le stress hydrique que connaît le royaume. Le volume des exportations de ce produit...

Ces articles devraient vous intéresser :

Les Marocains paieront plus cher l’électricité

Les autorités marocaines ont décidé de relever les taux de TVA appliqués aux tarifs de l’électricité sur la période 2024-2026.

La production de voitures électriques «  assèche  » le Maroc

La production des métaux nécessaires à la fabrication des batteries ou moteurs des voitures électriques exige beaucoup d’eau. Une ressource qui se raréfie de jour en jour dans des pays comme le Maroc, déjà frappé par une sécheresse sévère.

Tomate : le Maroc dépasse l’Espagne en Europe

Pour la première fois, le Maroc se hisse au rang de premier fournisseur de tomates sur le marché européen, devançant ainsi l’Espagne. Un pur hasard ? non, le Maroc prend peu à peu la place de premier fournisseur pour l’Europe.

Maroc : bonne nouvelle pour les amateurs de hammams

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a instruit les gouverneurs des régions et les préfets des préfectures et provinces du royaume pour que soit revue la décision de fermeture des hammams et des stations de lavage de voitures en fonction de...

Les objectifs ambitieux du Maroc pour la culture de dattes

Le Maroc a des objectifs ambitieux pour la culture des dattes. Il entend notamment atteindre une production annuelle de 300 mille tonnes d’ici 2030 et se donne les moyens pour sa concrétisation.

Le Maroc face au défi de l’eau et de l’hygiène après le séisme

L’eau et l’hygiène dans les campements, où vivent désormais sous des tentes les sinistrés du séisme dévastateur du 8 septembre au Maroc, constituent un enjeu majeur pour les autorités du royaume.

Maroc : Une baisse record des exportations d’oranges

Les exportations marocaines d’oranges ont considérablement chuté au cours des huit premiers mois de 2023, s’établissant à 30 000 tonnes contre 109 000 tonnes en 2022.

Maroc : des coupures d’eau envisagées

Alors que le Maroc subit actuellement sa sixième année de sécheresse consécutive, le gouvernement envisage de prendre des décisions radicales pour rationaliser l’eau potable.

Le marché britannique souffre de la pénurie de tomates marocaines

La baisse des exportations de tomates marocaines affecte le marché de légumes au Royaume-Uni. De nombreux Britanniques déplorent la situation sur les réseaux sociaux.

Le Maroc envisage des coupures d’eau

Face au grave déficit hydrique provoqué par six années de sécheresse, le Maroc met en œuvre des mesures strictes, dont une rationalisation draconienne de l’utilisation de l’eau.