Le travail du collecteur consistait à récupérer auprès des trafiquants l’argent issu du trafic de cannabis importé d’Espagne par go-fast pour être vendu dans différentes régions françaises. Avec le CIFA, un vaste centre commercial situé à Aubervilliers, au nord de Paris, composé de grossistes chinois de vêtements et d’accessoires de mode, il réintégrait cet argent en liquide dans l’économie licite, et permettre aux trafiquants de l’utiliser. L’argent de la drogue lui permettait se rémunérer et de régler des factures correspondantes à des commandes passées depuis le Maroc par des petits commerçants locaux.
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À la tête de ce système, un Marocain qui donne des ordres depuis le royaume. Celui-ci, moyennant commission, mettait son argent en France à disposition des commerçants pour passer commande, ce qui leur permet d’éviter le taux de change souvent défavorable et une fiscalisation sur les biens importés, rapporte BFM. « D’habitude ce genre de réseau se fait entre membres de même communauté, là on a des individus de différentes communautés qui travaillent ensemble », fait valoir une source policière.
Les enquêteurs ont réussi à interpeller en flagrant délit le collecteur lors d’une remise d’argent. Il sera mis en examen puis placé en détention provisoire. « Il récupérait de l’argent un jour sur deux » entre le mois d’août 2018 et le mois de juin 2019, explique une source proche du dossier. En tout, plusieurs dizaines de millions d’euros ont transité par le Maroc pendant un an, ce qui représente 180 collectes. Les policiers ont pu saisir un million d’euros.
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Les policiers de l’OCRGDF ont également arrêté six grossistes chinois le 28 septembre dernier. Ils ont été tous mis en examen pour « blanchiment de trafic de stupéfiant » : un a été placé en détention provisoire, les 5 autres sont sous contrôle judiciaire. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont saisi 247 000 euros en espèce, 530 000 euros sur des comptes en banque et des dizaines de sacs de maroquinerie de luxe, découverts dans les entrepôts de ces sociétés.