Selon Europol, ces « petites mains » du trafic de drogue travaillent pour 70 % des organisations criminelles en Europe. Qui sont ces mineurs et comment intègrent-ils ces réseaux ? Sans papiers pour la plupart, ils sont originaires du Maroc ou de l’Algérie. « Je suis arrivé en Belgique il y a deux mois, on est tous perdus ici, personne n’est heureux de faire ça. Mais c’est facile, mon ami là-bas par exemple, tout le monde le connaît, il attend dans la rue et les gens viennent à lui », confie un dealer majeur au micro de RTL.
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Des dealers mineurs, la police en arrête tous les jours, mais ils sont aussitôt relâchés. Ce sont « à la fois des personnes sans papier ou alors des personnes qui n’ont pas beaucoup de matières sur eux parce qu’ils sont bien organisés. Des dealers qui sont utilisés comme de la chair à canon par les réseaux. Donc c’est vraiment des personnes qui sont interchangeables. Quand on en arrête un, il est remplacé dans un quart d’heure par quelqu’un d’autre », explique Fabrice Cumps, bourgmestre d’Anderlecht.
Les réseaux criminels recrutent ces mineurs via les réseaux sociaux en leur promettant des sommes mirobolantes, allant de 100 euros par jour pour surveiller et alerter de l’arrivée de la police, 180 euros pour vendre du cannabis, 200 euros pour vendre des drogues dures, jusqu’à 1 000 euros pour tirer dans une façade ou sur une personne. Une fois recrutés, « ils sont hébergés dans des squats. Ils sont maltraités. Il y a beaucoup d’agression, de la violence. Ils sont drogués… », détaille An Berger, porte-parole de la police fédérale.
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François Bertrand, un militant associatif, affirme pour sa part que des mineurs « sont complètement instrumentalisés par des réseaux qui doivent écouler à tout prix des quantités plus importantes de drogues, surtout ici depuis les années d’après-Covid ». Le phénomène se répand en Europe. À Marseille, « les mineurs actifs dans le narcotrafic sont de plus en plus jeunes. Il y a 15 ans, ce type de profil, ils avaient 16, 17, 18 ans. Dans la grosse délinquance, que ce soit des braquages, des tentatives de meurtre, des contrats, tout ça, maintenant ils ont 14, 15, 16 ans », relève un éducateur spécialisé.
Pour sortir ces mineurs de la délinquance, un encadrement adapté est nécessaire, note une éducatrice. « C’est des grands qui n’ont jamais joué à des jeux de société. C’est des gamins qui ne savent pas nager. C’est des gamins à qui il faut apprendre à être un enfant avant de devenir adulte. » En plus de l’accompagnement, ces jeunes doivent également subir la rigueur de la loi, estime un juge bruxellois : « Aujourd’hui, on sait qu’il y a des places en IPPJ qui ne sont pas disponibles. On a une liste de 100 jeunes sur liste d’attente. Donc vous imaginez qu’il y a un sentiment d’impunité très important à ce niveau-là ».