Ceuta : des mineurs préfèrent vivre dans la rue que de retourner au Maroc

19 août 2021 - 13h00 - Espagne - Ecrit par : A.P

De nombreux mineurs marocains continuent d’errer dans les rues de Ceuta. Malgré les conditions de vie difficiles, ils ne sont pas intéressés par un retour au Maroc et sont déterminés à rester en Espagne ou à y revenir par tous les moyens au cas où ils viendraient à être rapatriés.

Avec des marques de brûlure, des blessures et des cicatrices sur le corps, la majorité de ces mineurs vivent dans les rues de Ceuta depuis leur arrivée en mai. Ils mendient pour survivre. « Au début, ils nous donnaient beaucoup à manger, mais aujourd’hui, on en a de moins en moins », raconte à Cadenaser l’un d’eux, originaire de Tétouan et âgé de 12 ans. Pourtant, il n’est pas intéressé par un retour au Maroc.

À lire : Ceuta : des mineurs retournent dans la rue pour échapper au rapatriement

Comme lui, Ali (nom d’emprunt), un autre mineur de 15 ans, est décidé à rester en Espagne. « S’ils me rapatrient, je reviendrai en Espagne », assure-t-il. Ali confie qu’il est prêt à tout pour rejoindre son frère aîné à Algésiras le plus tôt possible. C’est pourquoi il traîne dans la zone portuaire, guettant la moindre occasion pour se faufiler dans un bateau et traverser le détroit. « Je suis un vulcanisateur. Je répare les pneus et j’aimerais continuer à travailler ici. La vie au Maroc n’est pas bonne. J’ai abandonné l’école et commencé par travailler très tôt. Ma famille ne veut pas que je revienne », confie Ali. Malgré sa situation de sans-abri, il ne désespère pas. « Ici, les choses changent tous les jours, j’ai bon espoir », a-t-il ajouté.

À lire : Ceuta : des mineurs s’évadent pour éviter un retour au Maroc

Tarek (nom d’emprunt), un autre mineur de 17 ans, ne se plaint pas aussi de vivre dans la rue. « Je me sens beaucoup mieux dans la rue que dans le centre. Là-bas, on étouffe, ils ne nous laissent même pas sortir pour respirer de l’air à la porte. C’est pourquoi je me suis échappé il y a un mois », déclare-t-il, faisant allusion au centre sportif Santa Amelia d’où 55 mineurs ont été déjà rapatriés depuis vendredi. « Mon rêve, c’est de rejoindre l’Espagne et de construire une vie meilleure », confie le jeune homme qui était accro à la drogue. « Je vis dans la rue depuis l’âge de sept ans. A Fnideq, j’ai eu des problèmes de toxicomanie et je suis passé par une très mauvaise passe. Quand je suis arrivé à Ceuta, j’ai tout arrêté. Je ne prends plus rien, j’essaye de m’améliorer », affirme-t-il. Et d’ajouter : « Je veux rester ici. S’ils me rapatrient, je reviendrai, à la nage ou par un autre moyen. Ma mère est contente que je sois ici et me demande de ne pas rentrer au Maroc ».

À lire : La justice espagnole suspend l’expulsion de certains mineurs vers le Maroc

Tarek confesse qu’il s’est également échappé du centre sportif et que plusieurs de ses amis font partie du groupe des 55 mineurs déjà rapatriés au Maroc depuis vendredi que le ministère de l’Intérieur a lancé cette opération de retours collectifs. Une opération qui viole le droit international, selon l’ONU et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme qui ont demandé sa suspension. La justice espagnole a ordonné la suspension de ces retours, et enjoint le gouvernement de justifier le caractère légal de ces retours collectifs.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Ceuta (Sebta) - Enfant - Rapatriement

Aller plus loin

L’Espagne empêche des mineurs de retourner au Maroc

La Garde civile a empêché lundi un groupe de mineurs marocains de retourner au Maroc. Deux d’entre eux ont été arrêtés sur la plage de Tarajal, à côté de la frontière, et quatre...

Îles Canaries : la police enquête sur la mort étrange d’un jeune marocain

Le corps sans vie d’un jeune Marocain a été retrouvé en novembre dernier dans la rue à Las Palmas de Gran Canaria. L’ancien mineur non accompagné avait dénoncé les mauvais...

Ceuta : des mineurs retournent dans la rue pour échapper au rapatriement

L’opération de rapatriement des mineurs marocains lancé vendredi dernier par le ministère espagnol de l’Intérieur, a provoqué un effet inattendu. Les mineurs, de peur de...

Des mineurs rapatriés au Maroc reviennent à Ceuta

Quatre mineurs marocains seraient revenus à Ceuta alors qu’ils avaient été déjà rapatriés au Maroc et remis à leurs familles. La police est actuellement à leur recherche.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

Le mariage des mineurs diminue au Maroc

Après une hausse en 2021, le nombre de mariage de mineurs a diminué l’année dernière. Cela représente certes une note positive, mais il y a encore du chemin à faire pour en finir avec cette pratique.

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Une école musulmane fermée à Villeurbanne

La préfecture de Villeurbanne a procédé à la fermeture d’une école musulmane, accueillant d’ordinaire une centaine d’enfants en primaire. Les parents se voient contraints d’inscrire leurs enfants dans d’autres établissements.

Hiba Abouk, séparée d’Achraf Hakimi, trouve du réconfort auprès de ses enfants

Affectée par sa séparation avec Achraf Hakimi et la polémique liée à leur divorce, Hiba Abouk continue de garder le moral haut et le sourire grâce à ses enfants Amin (3 ans) et Naïm (1 an).

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Enfants de Dounia Batma : Mohamed Al Turk dénonce une exploitation sur les réseaux sociaux

Mohamed Al Turk, l’ex-mari de Dounia Batma actuellement en détention, reproche à la sœur de l’actrice marocaine, Ibtissam, de chercher à gagner la sympathie des Marocains en publiant des photos de leurs filles, Ghazal et Laila Rose, sur les réseaux...