Libertés individuelles : un collectif d’intellectuels marocains prône une réforme profonde

22 mars 2023 - 08h20 - Maroc - Ecrit par : G.A

Huit personnalités ayant occupé des postes importants au Maroc viennent de publier un document, une sorte de manifeste qu’elles espèrent, aboutira sur un projet de loi sur la réforme des libertés individuelles.

Composé d’Asma Lamrabet, Yasmina Baddou, Driss Benhima, Monique Elgrichi, Jalil Benabbès Taarji, Chafik Chraibi, Mohamed Gaizi et Khadija El Amrani, le collectif confie avoir pris l’avis de plusieurs oulémas marocains de référence avant d’élaborer le document qui propose des pistes de travail pour la réforme sur les libertés individuelles, rapporte Le360.

À lire : "Nous sommes condamnés à être des musulmans toute notre vie"

Ainsi, le document propose entre autres changements, la liberté de culte, de religion et de conscience que le groupe considère comme étant un droit inaliénable. Le collectif appelle ainsi à l’abrogation de l’article 3 de la Constitution qui stipule que « la religion de la majorité des Marocains est l’islam ». Se prononçant sur le rôle de la femme marocaine dans la société, le groupe de travail estime qu’une réforme des lois actuelles s’impose pour un héritage équitable homme-femme.

À lire : Le mariage des mineurs, c’est un « viol d’enfant », selon Abdellatif Ouahbi

En ce qui concerne le mariage des mineures, théoriquement interdit depuis 2004, les huit personnalités proposent dans leur document, l’adoption d’un nouvel article de la Moudawana, qui « donne le droit au mineur marié contre sa volonté, une fois arrivé à l’âge adulte, d’attaquer en justice celui qui l’a obligé, que ce soit le père, la mère ou autre ».

À lire : Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Le collectif s’est également attaqué aux relations sexuelles hors mariage qui peuvent mener les personnes impliquées à la prison ferme conformément à la loi. Il propose de revoir cet article qui entraîne de nombreux désagréments. Il suggère d’adopter des peines financières sans emprisonnement « si l’acte sexuel n’a pas entraîné de conséquences majeures ou n’a pas violé les droits d’une tierce personne ».

À lire : La mort d’une Marocaine de 14 ans relance le débat sur l’avortement

En ce qui concerne l’avortement puni par la loi au Maroc, le collectif considère que le fait que 500 à 800 cas sont enregistrés chaque jour, est un appel à repenser la question. Le plaidoyer propose d’amender que « l’avortement médical de grossesse ne soit pas puni quand il est pratiqué sur un embryon qui n’a pas dépassé 12 semaines et quand il vise à sauvegarder la vie ou la santé physique ou mentale de la mère et qu’il est ouvertement pratiqué par un médecin ou un chirurgien ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Moudawana (Code de la famille) - Mariage - Avortement - Constitution marocaine - Code pénal marocain

Aller plus loin

La mort d’une Marocaine de 14 ans relance le débat sur l’avortement

Les associations de défense des droits des femmes ont appelé mardi à la dépénalisation de l’avortement au Maroc, après la mort d’une mineure de 14 ans des suites d’un avortement...

"Nous sommes condamnés à être des musulmans toute notre vie"

Le militantisme féministe et universaliste d’Ibtissame Lachgar (Betty) est toujours aussi fort. Le pique-nique qu’elle avait organisé dix ans plus tôt en plein ramadan en...

Le mariage des mineurs, c’est un « viol d’enfant », selon Abdellatif Ouahbi

Le ministre de la Justice tient à en finir avec le mariage des mineurs. Invité dans l’émission « Noukta ila Satr » mardi, Abdellatif Ouahbi a confié que le mariage des mineurs...

Maroc : Ouahbi veut une régularisation sans délai du mariage coutumier

Face aux demandes appelant à une prolongation du délai accordé pour la régularisation du mariage coutumier, le ministre de la Justice a opposé un refus catégorique.

Ces articles devraient vous intéresser :

La mère d’Achraf Hakimi, gardienne de sa fortune

Le footballeur marocain Achraf Hakimi, qui évolue au Paris Saint-Germain, a révélé que sa mère gérait ses finances depuis ses débuts professionnels, bien avant son mariage.

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Hôtels au Maroc : la fin du certificat de mariage ne plaît pas à tout le monde

Au Maroc, la levée de l’exigence d’un certificat de mariage dans les hôtels est loin de faire l’unanimité. Alors que certains Marocains ont célébré cette évolution comme une étape vers plus de liberté personnelle et de vie privée, d’autres estiment que...

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Au Maroc, le parti au pouvoir dit niet au mariage homosexuel

Le parti Rassemblement national des Indépendants (RNI) présidé par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain, affiche son opposition au mariage homosexuel.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...