Les relations entre le Maroc et l’Algérie, deux puissances du Maghreb, ont toujours été compliquées et très tendues en raison du soutien de l’Algérie au Front Polisario dans le conflit au Sahara. La tension est montée d’un cran cette année avec la rupture par l’Algérie de ses relations diplomatiques avec le Maroc, rappelle EFE.
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Dans la foulée, l’Algérie, pensant nuire au Maroc, a décidé de ne pas renouveler le contrat de concession du GME arrivé à expiration le 31 octobre, et qui est destiné à approvisionner l’Espagne et le Portugal en gaz via le Maroc. Cette décision a affecté le royaume qui percevait quelque 200 millions de dollars par an en droits de passage de ce gaz qui contribuait à 12 % de sa production d’énergie.
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Mais l’Espagne est celle qui a été la plus secouée par cette décision algérienne, dans la mesure où elle dépendait de l’Algérie qui couvrait près de la moitié de ses besoins en gaz. Malgré la fermeture du GME, l’Algérie a continué à servir l’Espagne via Medgaz, un autre gazoduc reliant directement les deux pays, mais dont la capacité (8 milliards de mètres cubes par an) est faible par rapport à celle du GME (13 milliards de mètres cubes par an).
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Selon Mohamed Masbah, directeur de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA), cité par EFE, la fermeture de GME affecte également l’Algérie qui est réduite à un seul gazoduc avec l’Espagne. « Le gazoduc est une expression symbolique de rupture, mais avec lui, l’automutilation se produit. Alger se blesse pour nuire à Rabat », analyse-t-il, ajoutant que les tensions ne sont pas près de s’apaiser avec la normalisation des relations entre le Maroc et Israël et la récente signature d’un accord militaire entre les deux pays.
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Pour le moment, « les tentatives de médiation initiées par l’Espagne et certains pays du Golfe ont échoué, car ils n’ont pas de solution à imposer aux deux pays », note l’expert marocain, rappelant que début novembre, l’Algérie a accusé le Maroc d’avoir tué trois routiers algériens lors d’une attaque par drone au Sahara. Par ailleurs, les deux pays continuent leurs courses à l’armement. Le Maroc a augmenté de 6 % son budget militaire pour 2022, soit 4 % de son PIB contre 6 % pour l’Algérie.