Espagne : un imam marocain accusé d’endoctrinement djihadiste acquitté

7 août 2022 - 15h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

L’Audience nationale a acquitté un Marocain, ancien imam d’une mosquée de Saint-Sébastien en Espagne, accusé d’endoctrinement djihadiste. Il n’a pas été établi qu’il a tenté de recruter des jeunes pour le djihad ou collecté des fonds pour des organisations islamistes radicales.

Le Marocain, imam d’une mosquée de la ville entre 2015 et 2017, présidait une association culturelle et était très actif au sein de la communauté musulmane. Pendant des années, ce natif de Beni Mellal (Maroc) a exprimé des opinions extrémistes sur Internet et a maintenu des contacts avec des musulmans radicaux. Pourtant, l’Audience nationale a estimé qu’elle ne pouvait pas le condamner pour les crimes d’endoctrinement djihadiste et de financement de groupes terroristes pour lesquels le parquet a demandé neuf ans de prison, rapporte El Pais.

La décision d’acquittement du Marocain, âgé de 46 ans, et d’un autre compatriote originaire de Tétouan et âgé de 29 ans, a été prononcée le 14 juillet. Selon les juges, il s’agit de « de simples soupçons », car rien ne prouve que l’accusé principal ait financé des actes terroristes ou même qu’il ait été plongé dans un processus de « radicalisation personnelle ou de véritable auto-endoctrinement terroriste » qui l’amènerait à agir. Ce qui est établi, c’est qu’il a fait des publications djihadistes sur les réseaux sociaux « avec du contenu de Daech, Al-Qaïda, les Brigades Ezzeldin Al-Qassam ou les Frères musulmans ».

À lire : Espagne : un imam marocain risque 9 ans de prison pour endoctrinement djihadiste

« Les preuves qui ont été recueillies ne pouvaient pas maintenir une accusation aussi grave », a déclaré son avocate, Sara Rodríguez Riley. Lors du procès, l’accusé a nié avoir servi comme imam dans une mosquée de Saint-Sébastien et tenté d’endoctriner des jeunes, y compris ses enfants. Il a aussi nié avoir fait des publications radicales sur ses deux profils Facebook. Quant au financement du terrorisme, les enquêteurs ont indiqué que le Marocain était propriétaire de 12 comptes bancaires avec plus de 111 000 euros.

Pour les juges, l’accusé se rendait en France pour « obtenir un financement », mais rien ne prouve qu’il était destiné à des organisations islamistes. Au cours du procès, l’accusé a déclaré que ces ressources servaient pour des activités de l’association culturelle qu’il présidait. « La police a reconnu lors du procès qu’elle ne connaissait pas la destination de l’argent manipulé par cet accusé, et qu’il n’y avait pas non plus de retraits importants d’argent pour l’étranger », a fait observer la Cour qui a finalement prononcé l’acquittement du Marocain.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Terrorisme - Droits et Justice - Procès

Aller plus loin

En cours d’expulsion d’Espagne, un Marocain allait mener une attaque terroriste

Les Mossos d’Esquadra ont arrêté à Empuriabrava (Gérone) un jeune Marocain en attente d’expulsion, accusé d’endoctrinement djihadiste et de tentative d’attaque terroriste en...

Un Marocain pro-Daech arrêté pour endoctrinement djihadiste en Espagne

Des agents de la police nationale et des Mossos d’Esquadra ont arrêté à Vespella de Gaia (Tarragone), un Marocain de 38 ans, radicalisé et pro-Daech, accusé d’endoctrinement...

Attaque de drone sur le Camp nou : un Marocain condamné à 3 ans de prison

Mohammed Yassine Amrani, le djihadiste marocain pro-Daech, accusé d’avoir tenté une attaque terroriste contre le Camp Nou (stade du FC Barcelone) lors d’un match, a été condamné...

Accusés de terrorisme en Espagne, plusieurs Marocains acquittés

Faute de preuves suffisantes, la justice espagnole a acquitté cinq Marocains, accusés d’être membres d’un groupe terroriste qui a l’intention de mener des attaques et de faire...

Ces articles devraient vous intéresser :

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Plaintes de MRE : 96 % de satisfaction selon le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

En 2022, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a traité près de 96 % des doléances présentées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon un rapport de l’institution. Sur un total de 527 plaintes déposées, 505 ont été traitées par...

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.