Entre avril et mai 2022, une campagne de testing a été réalisée par les chercheurs en économie Sylvain Chareyron et Yannick L’Horty auprès 1 875 guichets d’enregistrement. Chaque guichet a reçu des courriels signés par deux candidates différentes – une origine française, l’autre une origine présumée d’Afrique de l’Ouest – qui souhaitaient déposer un dossier de demande de logement social et solliciter des informations sur les démarches à suivre. Les résultats de cette nouvelle enquête sont sans appel : les discriminations ethno-raciales n’existent pas que dans le parc privé, elles existent bel et bien dans le parc de logement social.
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Près de la moitié des guichets n’apporte aucune réponse aux demandes. Pourtant, une loi (ALUR) votée en 2014 par le Parlement en 2014 instaure un droit à l’information et une équité de traitement du demandeur. Les chercheurs ont constaté que parmi ceux qui apportent des réponses, « plus d’un tiers ne répond qu’à une seule des deux candidates, le plus fréquemment à celle présumée d’origine française. » Par conséquent, « La candidate présumée d’origine africaine a ainsi une probabilité plus faible de 3,2 points de pourcentage de recevoir une réponse positive par rapport à la candidate présumée d’origine française. »
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Les chercheurs préciseront par ailleurs que « parmi les guichets qui apportent des réponses aux deux candidates, 23,5 % formulent des réponses différenciées à des demandes équivalentes : 65 orientent de façon différente les deux candidates, en défaveur de celle présumée d’origine africaine, 55 accompagnent plus la candidate présumée d’origine française, 6 ajoutent des informations démotivantes pour la candidate présumée d’origine africaine seulement. » et que seuls 24,2 % des guichets répondent positivement et de manière similaire aux demandes reçues.