Menacé d’expulsion, un Marocain fait les frais des propos qu’il avait tenus lors de son transfert au centre de rétention de Metz le 26 décembre 2020. D’après les trois policiers chargés de l’escorte ce jour-là, il aurait dit que la France était incorrecte à son égard. Ses « droits ont été bafoués lors d’un contrôle à la sortie d’un bar à Verdun », aurait-il fait savoir, souhaitant « voir mourir » les policiers « dans la souffrance ». Au cas où son expulsion serait effective, il s’en prendrait « à des Français lors de son retour au Maroc près de l’ambassade ou du consulat », aurait-il projeté. Avec « sa formation militaire, il aurait recours à une arme de sniper pour en tuer », ont ajouté les policiers.
Après cet incident, le trentenaire avait été assigné en résidence à Bar-le-Duc dans l’attente d’un recours sur son expulsion. Le 12 mars 2021, il a été placé en détention provisoire. Mardi, il a comparu devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc, rapporte L’Est Républicain. À la barre, il nie avoir tenu les propos rapportés par les policiers à la justice et assure n’avoir pas proféré des menaces de mort. Selon lui, il ne s’agit que d’une « mauvaise interprétation » de ses propos. « Les policiers avaient sali son image », a-t-il reconnu avoir dit. « J’ai dit que j’aimerais qu’ils connaissent la souffrance que j’ai ressentie. Moi, je veux la paix avec tout le monde », dit-il.
Le ministère public a requis trois ans de prison dont un an avec un sursis probatoire renforcé et un maintien en détention après avoir pris connaissance d’une expertise psychiatrique. Le Marocain est décrit comme un prévenu « à la dangerosité avérée » avec un « risque de réitération en cas de frustration ». Assurant sa propre défense, l’homme réaffirme qu’il « n’a rien contre personne », qu’il veut « tourner la page » et que « son portrait dressé de lui ne correspond pas à sa personnalité ».
Après une requalification des faits d’apologie publique d’un acte de terrorisme en « menaces de mort réitérées commises en raison de la race, l’ethnie ou la religion », le tribunal a condamné le prévenu à 28 mois de prison dont 10 mois avec un sursis probatoire renforcé pendant deux ans, à une obligation de travail, de soins, à une interdiction de détenir une arme, d’entrer en contact avec ses victimes et à un maintien en détention. Obligation lui est également faite de verser 300 € de dommages et intérêts à un policier qui s’était constitué partie civile pour préjudice moral.