Attendu à l’Université de Tours, Maâti Monjib est en prison au Maroc

7 février 2021 - 14h20 - Maroc - Ecrit par : J.K

Maâti Monjib, professeur d’Histoire et militant des droits humains devrait être à l’Université de Tours cette année comme enseignant invité. Mais, depuis le 29 décembre dernier, il est incarcéré au Maroc et condamné à un an de prison ferme, pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».

Le professeur d’Histoire a déjà travaillé au sein du laboratoire CITERES, à l’Université de Tours en 2019. Cette année, il était encore attendu pour travailler au sein d’EMAM, Équipe Monde arabe et Méditerranée, sur les mouvements sociaux au Maghreb. Mais contre toute attente, le 27 janvier dernier, Monjib a été condamné à un an de prison ferme pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État ». Informée de son arrestation, l’Université de Tours a décidé de voter une motion de soutien, rapporte France3.

Pour l’avocat Vincent Brengarth, du cabinet parisien Bourdon, « il est très difficile d’obtenir des informations précises sur ce dossier. Le jugement a été rendu sans qu’il soit présent, par contumace, alors qu’il était en prison depuis fin décembre… C’est à l’évidence un déni de justice ». L’ONG Amnesty International a d’ailleurs fait usage du terme de « prisonnier d’opinion », à propos de Maâti Monjib, et le comité de soutien a obtenu un grand nombre de signatures, informe la même source.

Pour la Vice-présidente de l’Université de Tours, en charge des Relations internationales et aussi spécialiste de Droit public et de Droits de l’Homme, Colombine Madelaine, « il s’agit clairement d’une instrumentalisation terrifiante. Ce qui se passe est terrible, le Maroc, en théorie, est soumis au Pacte international sur les Droits civils et politiques, le PIDCP. Tout le monde est choqué, c’est du jamais vu, une violation aussi grossière et patente des garanties de droit à un procès équitable ».

Toutefois, la double nationalité, française et marocaine de M. Monjib, devrait entraîner une intervention des autorités françaises dans cette affaire. Mais, déjà, William Bourdon et Vincent Brengarth, les avocats français de M. Monjib veulent bien saisir le Quai d’Orsay et promettent des actions dans les prochains jours. Ils réclament sa mise en liberté immédiate, puisqu’ils auraient été informés de la détérioration de l’état de santé du professeur.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Procès - Prison - Maâti Monjib

Aller plus loin

Maati Monjib, inculpé pour blanchiments de capitaux

L’historien Maati Monjib est inculpé pour blanchiment de capitaux. Il s’agit d’une saisine du Parquet suite à la plainte de l’Unité de traitement du renseignement financier (UTRF).

Maati Monjib placé en détention

Le militant et historien Maati Monjib a été interpellé à Rabat vendredi dernier pour son implication dans une affaire de blanchiment d’argent. Présenté devant le juge...

Empêché de voyager à l’étranger, Maâti Monjib en grève de la faim

Le journaliste et historien franco-marocain Maâti Monjib entame une nouvelle grève de la faim. Par cet acte, le militant des droits humains entend protester contre son...

Mâati Monjib entame une grève de la faim

Après le démenti formel de la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), le détenu Mâati Monjib veut entamer une grève de la faim....

Ces articles devraient vous intéresser :

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Mohamed Ihattaren rattrapé par la justice

Selon un média néerlandais, Mohamed Ihattaren aurait des démêlés avec la justice. Le joueur d’origine marocaine serait poursuivi pour agression et tentative d’incitation à la menace.

Prison : le Maroc explore les « jour-amendes »

L’introduction du système de jour-amende dans le cadre des peines alternatives pourrait devenir une réalité au Maroc. Une loi devrait être bientôt votée dans ce sens.

Plaintes de MRE : 96 % de satisfaction selon le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

En 2022, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a traité près de 96 % des doléances présentées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon un rapport de l’institution. Sur un total de 527 plaintes déposées, 505 ont été traitées par...

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...