Maroc : derrière les façades d’entreprises, un réseau criminel bien rodé

9 mai 2025 - 16h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Les services de l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) ont découvert l’existence d’un réseau d’entreprises de plus en plus sophistiqué, impliquant blanchiment d’argent, fraude fiscale et activités criminelles telles que le trafic de drogue et la corruption, dans le cadre d’une série d’enquêtes.

Tout commence avec un examen par l’ANRF de déclarations fiscales suspectes. Les contrôleurs de l’Autorité ont découvert « l’existence d’un cercle fermé d’entreprises, souvent récentes, certaines créées il y a moins de cinq ans, qui opèrent dans des secteurs variés tels que le textile, la confection, la vente d’accessoires, l’impression, les cadeaux d’entreprise, la boulangerie, la chocolaterie, la sécurité et le nettoyage », rapporte Hespress.

Les investigations ont révélé des transactions d’un montant record, effectuées entre ces sociétés, dont l’activité est souvent délocalisée dans des cabinets comptables à Casablanca et Tanger, sans locaux physiques, mais aussi des déclarations fiscales dans les délais légaux, exploitant notamment des failles du système de contrôle fiscal, où la surévaluation des profits est moins suspecte que la sous-évaluation.

À lire :Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Plusieurs transactions fictives sont justifiées par des factures et moyens de paiement légaux, tels que chèques et virements, ont confirmé les enquêteurs. En réalité, ces flux massifs « alimentaient des comptes courants d’associés, destinés à faire circuler des dizaines de millions de dirhams dans le cadre d’opérations de blanchiment », révèle l’enquête. Le modus operandi consiste à faire entrer de l’argent d’origine illicite, notamment des fonds issus du trafic de drogue ou de la corruption, dans le circuit légal par la création de sociétés fictives. L’objectif est de légitimer ces flux financiers, tout en réduisant artificiellement la base imposable.

À lire :MRE, BTP et blanchiment : l’étau se resserre

L’ANRF a transmis son rapport à 71 procureurs dans plusieurs tribunaux, notamment ceux de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu’au procureur général de la Cour d’appel de Rabat. Ceux-ci devront se pencher sur les dossiers. En 2023, le nombre de dossiers liés à ces affaires a grimpé de 31,48 %. 38 % d’entre eux portent sur des falsifications bancaires, usage de faux, fraude et escroquerie.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Blanchiment d’argent - Trafic - Fraude - Criminalité - Drogues - Corruption - Enquête - Marrakech - Tanger - Casablanca

Aller plus loin

Marrakech : démantèlement d’un réseau de blanchiment dirigé par un Algérien

Un vaste réseau de blanchiment d’argent dirigé par un Algérien a été démantelé à Marrakech par la Brigade nationale de la police judiciaire de la Gendarmerie royale.

Un MRE jugé pour un vaste réseau de blanchiment d’argent

Le procès d’un Marocain résidant à Gibraltar, chef d’un réseau international spécialisé dans le blanchiment d’argent provenant du trafic international de drogue et de ses...

Détournement de fonds publics au Maroc : un ex-parlementaire et un Américain arrêtés

Un ancien parlementaire du Parti du Mouvement Populaire (MP) et ancien président de la commune de Béni Mellal, un Américain d’origine marocaine, un fonctionnaire public, et un...

MRE, BTP et blanchiment : l’étau se resserre

L’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) a diligenté une enquête suite à une alerte d’une banque sur des soupçons de fraude et de blanchiment par des entreprises...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

La douane marocaine en alerte

Les services de contrôle central de l’administration générale des douanes et des impôts indirects en coordination avec les banques renforcent les opérations de surveillance aux points de passage frontaliers et des aéroports concernant les transactions...

Immobilier au Maroc : les notaires contrôleront la provenance de l’argent

Les notaires marocains ont décidé de prendre une part active dans la lutte contre le blanchiment d’argent dans l’immobilier.

Maroc : le ministère de l’Intérieur traque certains projets

Le ministère de l’Intérieur a décidé de renforcer son contrôle sur les projets de développement à travers le pays. Cette initiative fait suite à des observations inquiétantes concernant des retards volontaires dans l’exécution de ces projets, visant à...

Maroc : l’amnistie fiscale 2024 a rapporté gros à l’État

L’amnistie fiscale de 2024 au Maroc a rapporté plus de 100 milliards de dirhams. Un montant record qui reste à confirmer par les sources officielles.

Immobilier au Maroc : l’Etat veut vous obliger à payer les taxes

L’administration des impôts a mis en place une nouvelle mesure pour lutter contre la fraude fiscale dans l’immobilier.

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Corruption au Maroc : Les chiffres alarmants

La lutte contre la corruption ne produit pas de résultats encourageants au Maroc qui est mal logé dans les classements mondiaux depuis quatre ans.

L’opération discrète du Maroc pour libérer 39 Marocains en Birmanie

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, revient sur la libération des jeunes Marocains séquestrés et torturés par des réseaux criminels en Birmanie et en dévoile le nombre...

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.