Tout commence avec un examen par l’ANRF de déclarations fiscales suspectes. Les contrôleurs de l’Autorité ont découvert « l’existence d’un cercle fermé d’entreprises, souvent récentes, certaines créées il y a moins de cinq ans, qui opèrent dans des secteurs variés tels que le textile, la confection, la vente d’accessoires, l’impression, les cadeaux d’entreprise, la boulangerie, la chocolaterie, la sécurité et le nettoyage », rapporte Hespress.
Les investigations ont révélé des transactions d’un montant record, effectuées entre ces sociétés, dont l’activité est souvent délocalisée dans des cabinets comptables à Casablanca et Tanger, sans locaux physiques, mais aussi des déclarations fiscales dans les délais légaux, exploitant notamment des failles du système de contrôle fiscal, où la surévaluation des profits est moins suspecte que la sous-évaluation.
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Plusieurs transactions fictives sont justifiées par des factures et moyens de paiement légaux, tels que chèques et virements, ont confirmé les enquêteurs. En réalité, ces flux massifs « alimentaient des comptes courants d’associés, destinés à faire circuler des dizaines de millions de dirhams dans le cadre d’opérations de blanchiment », révèle l’enquête. Le modus operandi consiste à faire entrer de l’argent d’origine illicite, notamment des fonds issus du trafic de drogue ou de la corruption, dans le circuit légal par la création de sociétés fictives. L’objectif est de légitimer ces flux financiers, tout en réduisant artificiellement la base imposable.
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L’ANRF a transmis son rapport à 71 procureurs dans plusieurs tribunaux, notamment ceux de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu’au procureur général de la Cour d’appel de Rabat. Ceux-ci devront se pencher sur les dossiers. En 2023, le nombre de dossiers liés à ces affaires a grimpé de 31,48 %. 38 % d’entre eux portent sur des falsifications bancaires, usage de faux, fraude et escroquerie.