Maroc : un impôt sur la fortune immobilière ?

20 octobre 2024 - 20h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

À l’instar de la France, le Maroc entend instaurer un impôt sur la fortune immobilière (IFI) pour financer la protection sociale universelle.

D’après le rapport intitulé « Taxes foncières : opportunités manquées pour financer la protection sociale universelle au Liban, au Maroc et en Jordanie ? » publié cette semaine par l’Initiative arabe de la Réforme, le Maroc travaille à l’instauration d’un impôt sur la fortune immobilière (IFI) afin de financer la protection sociale universelle. Rédigé par Abdelhak Kamal, ce rapport examine les défis budgétaires et les solutions potentielles pour financer durablement l’expansion de la sécurité sociale au Maroc.

La généralisation de la couverture sanitaire universelle au Maroc requiert l’intégration de 22 millions de nouveaux bénéficiaires dans le système d’assurance maladie obligatoire, l’extension des allocations familiales au profit de 7 millions d’enfants en âge de scolarité et l’extension du nombre des bénéficiaires d’une pension de retraite à 5 millions de bénéficiaires supplémentaires. Selon la Banque mondiale, cette réforme intervient dans un contexte caractérisé par l’exacerbation des inégalités et de la pauvreté, le nombre de personnes « vulnérables à la pauvreté » et/ou « pauvres » passant de 17,1 % en 2019 à 19,87 % de la population en 2020.

À lire :Prix en baisse, transactions en hausse : le paradoxe du marché immobilier marocain

Le coût total de ce financement solidaire non contributif s’élève à 50 milliards de dirhams (5 milliards de dollars) par an. Si les recettes fiscales du Maroc sont passées de 19,4 % du PIB en 2015 à 21,1 % en 2022, la structure de financement actuelle repose largement sur les budgets de l’État (54 %) et les impôts affectés (24 %), ce qui soulève des questions sur la durabilité et l’équité à long terme, souligne le rapport, suggérant une approche plus équitable qui impliquerait une taxation plus élevée du capital, par exemple en introduisant un impôt sur la fortune immobilière inspiré de l’impôt sur la fortune immobilière français.

Il estime que « la structure fiscale actuelle peut favoriser les revenus du capital. L’assiette fiscale est relativement étroite, les citoyens de la classe moyenne étant souvent ceux qui contribuent le plus ». Selon Kamal, un IFI progressif ciblant les 5 % des propriétés les plus chères en valeur, avec des taux allant de 0,5 % à 1,5 %, pourrait générer environ 8,37 milliards de dirhams par an. Mieux, cela représenterait 26 % du budget 2021 pour le volet solidarité de la réforme et 14 à 17 % du total des besoins de financement annuels. La taxe devrait concerner les biens immobiliers de grande valeur, d’une valeur supérieure à 10 millions de dirhams, affectant environ 36 000 des 8 millions de propriétés au Maroc.

À lire :Immobilier au Maroc : l’Etat veut vous obliger à payer les taxes

« L’instauration d’un impôt sur la fortune immobilière au Maroc, similaire à celui en vigueur en France, représente un compromis plus optimal que les propositions susmentionnées. Il pourrait être envisagé de diversifier les sources de recettes fiscales et d’améliorer l’équité fiscale », indique Kamal, reconnaissant toutefois la nécessité de réaliser des études complémentaires pour affiner les estimations de recettes et développer un cadre juridique et administratif solide. « Pour garantir le succès de cette initiative, il est essentiel de mener une étude approfondie pour affiner les estimations de recettes, développer un cadre juridique et administratif solide et sensibiliser le public aux avantages de cette taxe », ajoute-t-il.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - France - Impôts - Sécurité sociale

Aller plus loin

À Rabat, l’immobilier vacille

La ville de Rabat traverse une période de repli dans le secteur de l’immobilier. Une légère diminution des prix, chiffrée à – 0,6 %, cache des disparités selon les types de...

Prix en baisse, transactions en hausse : le paradoxe du marché immobilier marocain

Les prix des actifs immobiliers ont chuté de 0,4 % au deuxième trimestre de cette année, informent Bank Al-Maghrib (BAM) et l’Agence nationale de la conservation foncière du...

Maroc : les crédits "Halal" dopent l’immobilier

Les crédits immobiliers “Halal” accordés aux ménages marocains ont connu une hausse considérable, atteignant 23,1 milliards de dirhams à fin juin contre 20,3 milliards de...

Impôt sur le revenu au Maroc : des changements qui ne plaisent pas à tout le monde

Le Parlement a acté la réforme de l’impôt sur le revenu (IR), sans modification du barème initialement proposé. Les amendements proposés par différents groupes parlementaires...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : derniers jours pour la régularisation fiscale des revenus

Les contribuables marocains souhaitant mettre en conformité leurs revenus déclarés n’ont plus que quelques jours pour déposer leurs demandes de régularisation.

Immobilier : le Maroc traque les fraudeurs

Le Maroc serre la vis face aux fraudeurs dans l’immobilier. Face aux importants préjudices causés à l’économie nationale par les paiements au noir, le gouvernement a décidé de passer à l’action, prévient Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et...

5 000 Marocains deviennent propriétaires grâce à l’aide du gouvernement

Sur les 54 000 demandes d’aide au logement enregistrées sur la plateforme dédiée à cet effet, 5 000 ont été déjà acceptées, a annoncé Fatima Ezzahra El Mansouri, la ministre de l’Habitat.

Maroc : le parlement discute de la fiscalité des auto-entrepreneurs

Au Parlement marocain, des groupes de l’opposition ont proposé des amendements concernant le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2024 dont l’un vise à encourager l’engagement dans l’économie organisée et à améliorer l’attractivité du système...

Maroc : la DGI adapte les sanctions pour retards de paiement

La Direction Générale des Impôts (DGI) du Maroc a annoncé une modification des sanctions pour les retards de paiement des factures. Et c’est plutôt une bonne nouvelle.

Maroc : hausse des taxes pour les propriétaires de terrains

Mauvaise nouvelle pour les propriétaires de terrains non bâtis. Le ministère de l’Intérieur prévoit une augmentation de la taxe sur ces terrains.

Maroc : l’afflux des MRE va booster le secteur immobilier cet été

L’arrivée au Maroc cet été des Marocains du monde dans le cadre de l’Opération Marhaba, va contribuer à booster le secteur de l’immobilier.

Maroc : ces logements désertés par les MRE

Le Maroc fait face à un phénomène croissant : celui des « logements fantômes ». Selon les estimations, plus de 2 millions d’appartements seraient inoccupés dans le pays. Un chiffre qui donne le vertige, alors même que l’accès au logement demeure un...

Maroc : du changement en vue pour l’impôt sur le revenu

Au Parlement, Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, a annoncé que le gouvernement d’Aziz Akhannouch prévoit d’engager une révision de l’impôt sur le revenu (IR) dans le prochain projet de loi...

Immobilier au Maroc : les MRE pour relancer un marché en berne

Les promoteurs immobiliers comptent sur la saison estivale et les Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour sortir leur marché de sa stagnation. Ceux-ci figurent d’ailleurs parmi les bénéficiaires du nouveau programme de l’aide au logement.