Maroc : les employeurs réticents à déclarer leur personnel domestique

16 avril 2021 - 11h40 - Maroc - Ecrit par : J.K

Permettre à sa femme de ménage, son jardinier, son gardien ou même la nourrice de bénéficier de la couverture sociale n’est pas encore chose fréquente au Maroc. Depuis sa mise en place jusqu’à ce jour, seuls 3000 domestiques ont pu effectivement bénéficier de la couverture sociale.

Faire signer un contrat de travail à un employé domestique est fait peu courant au Maroc, informe l’Économiste, indiquant que plusieurs employeurs rechignent à signer ce document incontournable pour l’immatriculation à la CNSS. Ainsi, jusqu’à présent seulement 3000 personnes ont été déclarées auprès de la CNSS dans tout le Maroc, bien que le nombre de personnes dans cette catégorie socioprofessionnelle ne soit pas négligeable. Avec cette loi qui régit le travail domestique depuis 2019, le salaire minimum de cette catégorie socioprofessionnelle de travailleurs est fixé à 60 % du Smig. Elle permet également aux employés domestiques de bénéficier des avantages relatifs au logement et à l’alimentation, 1 jour de repos par semaine qui pourrait être récupéré, mais pas au-delà de trois mois, sous peine d’amende allant de 500 à 1200 DH.

Mais, « contrairement aux attentes, le bénéfice d’une couverture médicale et des allocations familiales n’a pas poussé les travailleurs domestiques à exiger leur déclaration à la sécurité sociale. Pire, le contrat exigé par la loi les rebute », écrit le journal, soulignant qu’il importe de « simplifier la procédure pour les deux parties ».

Toutefois, si jusqu’à présent cette procédure ne prend pas, c’est en raison de plusieurs obstacles comme le défaut d’une décision judiciaire permettant à l’inspection du travail ou la CNSS de vérifier ou contrôler l’existence d’un travailleur domestique à un domicile. Ensuite, « l’immatriculation à la CNSS se traduira par des charges sociales supportées en particulier par l’employeur : 6,40 % au titre des prestations familiales, 1,57 % pour les prestations sociales à court terme, 11,89 % pour les prestations sociales à long terme et 6,37 % pour l’assurance maladie obligatoire » poursuit la même source, sans oublier le versement d’une taxe sur la formation professionnelle (1,6 %) pour l’employeur.

Pour rappel, le contrat de travail fait en trois exemplaires doit être « légalisé », et un exemplaire déposé à l’inspection du travail pour l’obtention d’un récépissé. En cas de non-respect, une sanction est prévue. De plus, toute personne ayant un employé domestique, a l’obligation de déposer à son agence CNSS, un dossier d’affiliation et d’immatriculation dans un temps record d’un mois, après la signature du contrat de travail. Les formulaires sont à télécharger sur le site de la CNSS.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Administration - Régularisation - CNSS - Sécurité sociale

Aller plus loin

Maroc : très peu de personnes déclarent leur personnel domestique

Deux ans après l’entrée en vigueur de la loi 19-12, relative au contrat de travail, très peu d’employeurs de personnel domestique se conforment aux dispositions de cette...

Voici les meilleurs employeurs de l’année au Maroc

Le programme international « Best Places To Work in Morocco 2022 » qui distingue les meilleurs employeurs de l’année au Maroc vient de dévoiler ses lauréats.

Maroc : la généralisation de la protection sociale actée devant le roi Mohammed VI

Le Roi Mohammed VI a lancé mercredi, au Palais de Fès, le projet de généralisation de la protection sociale d’un montant annuel total de 51 milliards de dirhams. À l’occasion,...

Près de la moitié des femmes marocaines ne dispose pas de couverture médicale

Au Maroc, 44,6 % des femmes ne bénéficient d’aucune couverture médicale. C’est ce que révèle l’étude sur « les discriminations intersectionnelles des femmes au Maroc » réalisée...

Ces articles devraient vous intéresser :

La police marocaine recrute

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) annonce avoir programmé pour le mois de septembre, plusieurs concours en vue de recruter 6 000 agents de différents grades.

Couverture sociale : un prêt de 3,1 MMDH de la BAD au Maroc

Le Maroc et la banque africaine de développement (BAD) ont signé deux accords de prêt pour le financement d’un projet de céréaliculture et la généralisation de la couverture sociale, portant sur un montant de plus de 3,1 milliards de dirhams.

Plus de 90 000 fonctionnaires marocains payés à ne rien faire

La ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour, n’a pas souhaité ouvrir une enquête sur le scandale des fonctionnaires fantômes, estimés à plus de 90 000 dans...

Marrakech veut en finir avec la mendicité et les SDF

La ville de Marrakech mène une lutte implacable contre la mendicité professionnelle et le sans-abrisme, qui porte déjà ses fruits. À la manœuvre, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la brigade touristique.

Au Maroc, les médecins sont des mauvais payeurs d’impôts

Au Maroc, peu de médecins s’acquittent de leurs impôts. Fort de ce constat, le gouvernement opte désormais pour la retenue à la source pour les revenus de l’ensemble des professions libérales, la déclaration annuelle fiscale ayant montré ses limites.

Les Marocains libres de choisir le prénom de leurs enfants, sous certaines conditions

Les officiers marocains de l’état civil sont à présent dans l’obligation d’accepter temporairement les prénoms déclarés, y compris ceux en contradiction avec la loi, contrairement aux pratiques antérieures, selon un décret qui vient d’être publié.

Le Maroc en guerre contre les « fonctionnaires fantômes »

La ministre déléguée chargée de la Transition numérique, Ghita Mezzour, a déclaré que le Maroc dispose d’un important arsenal juridique pour lutter contre le phénomène des « fonctionnaires fantômes ».

Maroc : ces régions oubliées de l’internet

Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.

Au Maroc, désormais, le silence de l’administration vaut accord

Suite à la publication par les ministères de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire et de l’urbanisme d’un arrêté conjoint relatif à la simplification des procédures dans le domaine de l’urbanisme, Abdelouafi Laftit a adressé une circulaire aux...

Maroc : une nouvelle hausse des salaires en discussion

Une nouvelle hausse des salaires pour les fonctionnaires marocaines serait actuellement en discussion au sein du gouvernement. La nouvelle a été confirmée par le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des...