Le Maroc, nouvel eldorado des batteries de voiture électrique ?

23 février 2024 - 11h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Le Maroc se donne les moyens pour devenir le prochain hub pour la batterie électrique. Il mise également sur l’expertise de Rachid Yazami, le scientifique marocain qui a inventé l’anode graphite pour les batteries lithium-ion.

Le Maroc ambitionne de devenir le prochain hub pour la batterie électrique. Le 9 février, au lendemain de la cinquième édition du LeaderSHE Talks, à Fès, il y a eu une rencontre discrète entre Abdellatif Miraoui, ministre marocain de l’Enseignement supérieur et le chercheur et inventeur marocain Rachid Yazami, révèle le média Africa Intelligence dans l’une de ses lettres de confidences. Au menu : des discussions sur le financement du centre de recherche sur les batteries au sein de l’Université privée de Fès (UPF). L’expertise de ce physicien et électrochimiste marocain de renommée mondiale sera d’une grande utilité pour le Maroc dans l’atteinte de ses objectifs. Rachid Yazami est désormais professeur à la Nanyang Technological University (NTU) de Singapour. Auparavant, il a été directeur de recherche au CNRS, puis chercheur affilié au prestigieux California Institute of Technology, où il collabore étroitement avec la NASA.

À lire :Le Maroc, prochain géant mondial de la production de batteries électriques ?

« Le Maroc dans le cadre de sa stratégie de décarbonation du secteur du transport prévoit de créer une véritable industrie de véhicules électriques compétitive. La proximité avec l’Europe et l’entrée en vigueur de la future taxe carbone début 2026 poussent les investisseurs à se tourner vers d’autres marchés comme celui du Maroc. Une batterie fabriquée en Inde ou en Chine, par exemple, coûtera plus cher pour entrer sur le marché européen qu’une batterie faite à presque 10 km des frontières », confie à Challenge Samir Rachidi, président de l’Iresen. Il ajoutera : « À l’aune de la Zlecaf, le Maroc pourrait également exporter ces véhicules électriques en direction du marché africain, ce qui permettrait de renforcer la balance commerciale et la compétitivité économique de notre pays ».

À lire :Batteries électriques : le Maroc en passe de devenir une puissance mondiale

Des études réalisées en 2022 montrent également que le Maroc a du potentiel pour devenir le prochain hub pour la batterie électrique. D’après les conclusions d’une étude du célèbre cabinet Fitch Solutions, « le Maroc deviendra le centre régional de fabrication de véhicules électriques dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), car il développe rapidement une économie circulaire (production de véhicules électriques de bout en bout) dans sa chaîne d’approvisionnement nationale de véhicules électriques. Et la croissance du secteur marocain du cobalt suscitera l’intérêt des entreprises minières et automobiles à court terme (2022-2026), ce qui constituera un avantage pour le développement de la chaîne d’approvisionnement locale des véhicules électriques au Maroc (fabrication de batteries pour véhicules électriques ».

À lire :Le Maroc, nouvel eldorado des batteries de voiture ?

« En 2018, la production mondiale des batteries lithium-ion était de 160 GWh dont 106 GWh pour le secteur automobile. Cette production devrait représenter 500 GWh en 2025 et 1200 GWh en 2030, dont 1 020 GWh pour le secteur automobile. Uniquement sur le véhicule électrique, le marché mondial est estimé à 45 milliards d’euros en 2027, dont 20 à 30 % sera capté par l’Europe. En tant que 10ᵉ producteur mondial de cobalt, le Maroc a des atouts non négligeables pour développer la filière de production de batteries », estime le CESE dans l’une des études sur la croissance verte publiées en 2022. Par ailleurs, le gouvernement marocain et le fabricant chinois de batteries, Gotion High Tech, prévoient d’investir 6,3 milliards de dollars pour créer une usine de batteries pour véhicules électriques (VE) dans le royaume.

À lire :Une usine géante de batterie bientôt au Maroc ?

Aux yeux d’Adil Benani, président de l’Aivam, le Maroc peut être une véritable plateforme de fabrication de bornes. Pour étayer ses propos : il explique :« Les besoins en fabrication de bornes vont être exponentiels et vous savez qu’aujourd’hui les ventes de véhicules électriques sont sur une tendance de vente croissante, on devrait en Europe d’ici 2025 dépasser la barre des 20 millions, ce qui représente 20 % de VE dans le monde. […] Tant la demande est forte, il y aurait bien une opportunité pour créer ce système industriel ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Automobile - Rachid Yazami

Aller plus loin

"De la mine à la voiture" : le Maroc vise le sommet du secteur des batteries

Comptant sur ses ressources naturelles et son écosystème automobile bien développé, le Maroc ambitionne de devenir le leader africain et mondial de l’industrie des batteries...

Tanger : le géant chinois Shinzoom injecte 5 milliards de DH dans une usine de batterie

Le groupe chinois Shinzoom, spécialisé dans la production d’anodes pour batteries au lithium, s’apprête à investir 500 millions de dollars (5 milliards de DH) dans la zone...

Le Maroc, nouveau terrain de jeu des géants chinois de l’automobile

Après avoir développé son secteur automobile, le Maroc s’investit désormais dans la fabrication des batteries de véhicules électriques. Plusieurs géants chinois ont annoncé des...

Une usine géante de batterie bientôt au Maroc ?

Le scientifique marocain Rachid Yazami, inventeur de l’anode graphite pour les batteries au lithium, envisage de créer deux usines destinées à la production de batteries...

Ces articles devraient vous intéresser :

Investir au Maroc : Les atouts d’un pays en pleine transformation

Considéré comme un pont entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc continue d’attirer les investisseurs en raison de son économie en plein essor, porté par un tourisme dynamique, sa main-d’œuvre à bas coût et sa stabilité politique.

Plus de 150 000 voitures dédouanées au Maroc en 2024

Quelque 151 755 voitures de tourisme ont été dédouanées au Maroc en 2024, soit une hausse de 6 % par rapport à l’année précédente, indique l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII).

Maroc : le secteur de la location de voitures en péril

Le secteur de la location de voitures au Maroc est en crise. Les professionnels du secteur se plaignent de l’introduction d’un nouveau cahier de charges et de l’offre largement supérieure à la demande. La reprise n’est pas près de s’amorcer.

Textile et automobile : le Maroc, l’usine à bas prix de l’Europe

En raison de sa stabilité politique, sa main d’œuvre bon marché et des incitations fiscales, le Maroc attire davantage les investisseurs européens et notamment espagnols dans les domaines de l’automobile et du textile, des secteurs en plein essor dans...

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Nouvelles plaques d’immatriculation interdites au Maroc ? réponse du gouvernement

Le ministère du Transport et de la Logistique s’est fendu d’un communiqué pour clarifier la situation concernant les verbalisations de véhicules portant des plaques d’immatriculation de circulation internationale.

Le gouvernement marocain s’attaque à l’usage privé des véhicules de l’État

La ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah, a annoncé l’intention du gouvernement de prendre des mesures contre l’utilisation anarchique des véhicules de l’État.

Peugeot réinvente la 504 break : un hommage futuriste au rap français

Peugeot veut réinventer la 504. Le Design Lab, le bureau de style du constructeur français, vient de présenter une déclinaison virtuelle du 504 break restomod, qui rend hommage au groupe de rap 113.