Vers la fin d’une époque ? Le PJD a remporté des victoires aux législatives de 2011 et de 2016, et est resté à la tête d’une coalition gouvernementale. Après la nouvelle loi électorale votée au Parlement mi-mars par tous les partis présents dans l’hémicycle, excepté le PJD, le parti de la lampe s’en trouve affaibli. Le nouveau calcul déterminant le quota d’élus le défavorise, car en réalisant le même score en 2016, il n’obtiendrait que 80 à 85 sièges (sur 395), contre 125 à l’époque, selon les estimations.
« L’objectif du nouveau quotient électoral est d’empêcher le PJD de prendre la tête du prochain gouvernement », analyse Ahmed Bouz, professeur en Sciences politiques, soulignant que ce mode de calcul « n’existe dans aucun autre pays ». « Le principal enjeu est la désignation d’un nouveau chef de gouvernement et la formation d’une majorité. Le PJD est le grand perdant, car il reste le favori des prochaines élections », confirme le politologue Mustapha Sehimi, cité par l’AFP.
Les sept autres formations du parlement – dont quatre sont représentées au gouvernement – tentent de justifier leur vote en faveur de la nouvelle loi électorale. Selon eux, cette loi vise à permettre aux petits partis d’accéder à l’hémicycle. « Nous pensons que la démocratie doit donner la parole aux petits partis et aux minorités », a déclaré le député Mohamed Hjira, du parti Authenticité et Modernité (PAM, opposition).
Cette situation amène Mustapha Sehimi à faire remarquer que le PJD « est isolé, et n’a plus de majorité politique ». De son côté, Saâdeddine El Othmani, chef du gouvernement, également secrétaire général du parti islamiste a dénoncé un « recul démocratique qui affaiblit les institutions de manière inédite dans l’histoire du Maroc ». Lors de la dernière session extraordinaire du conseil national du parti, il a déclaré que cette loi « vise les chances électorales du PJD ». Le parti entend d’ailleurs saisir la Cour constitutionnelle.
Outre cet obstacle qui se dresse sur son chemin, le parti est miné par des divisions à n’en plus finir. Tout porte à croire que le déclin du parti semble irréversible.