Due Process International et Detained in Dubai appellent à une enquête parlementaire sur le rôle du gouvernement britannique dans la condamnation de Lee Brahim Murray-Lamrani, citoyen britanno-marocain incarcéré à la prison de Salé, au Maroc. Selon les deux organisations de défense juridique, le crime a été perpétré au Royaume-Uni, mais lorsque les autorités britanniques ont été incapables d’obtenir l’extradition du suspect en raison de sa double nationalité, elles ont transmis aux autorités de Rabat le dossier d’enquête, facilitant ainsi une condamnation au Maroc. « C’est un cas manifeste de poursuite par procuration », dénonce Due Process International.
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« Le gouvernement britannique a contourné ses propres tribunaux, transféré le procès d’un citoyen britannique vers une juridiction étrangère, et lui a refusé les protections juridiques dont il aurait bénéficié chez lui », font remarquer les deux organisations dans une déclaration publiée le 16 juillet. Selon elles, le procès marocain a été entaché de multiples violations des droits fondamentaux : « absence d’avocat en appel, allongement arbitraire de la peine, acceptation des preuves sans vérification locale ». Arrêté dans un centre commercial à Rabat, le 25 juin 2006, Murray a été reconnu coupable par un tribunal marocain en juin 2010. Celui-ci lui inflige une peine de 10 ans de prison. Une peine alourdie à 25 ans le 30 novembre 2010. Pour Radha Stirling, PDG de DPI et fondatrice de Detained in Dubai, cette condamnation doit faire l’objet d’une enquête approfondie.
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Les deux organisations appellent les députés britanniques du Comité des affaires étrangères et du Comité mixte des droits de l’homme à vérifier si le Royaume-Uni a manqué à ses obligations, particulièrement dans le cadre d’une « coopération diplomatique renforcée » avec le Maroc. « Il ne s’agit pas seulement d’un homme », a ajouté Stirling. Et de poursuivre : « Si le Royaume-Uni peut orchestrer une poursuite à l’étranger lorsque l’extradition échoue, cela ouvre la voie à de futurs abus, pas seulement au Maroc, mais dans le monde entier. »
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DPI demande au gouvernement britannique de soutenir une grâce pour Murray. « Lee a déjà purgé la majeure partie de sa peine de prison, bien plus longtemps qu’il ne l’aurait probablement fait s’il avait été jugé au Royaume-Uni. Il est temps de faire preuve de compassion et pour le Royaume-Uni de réparer cette injustice », estime l’organisation.