Cherche-t-on à tuer le PJD ?

30 mars 2021 - 20h40 - Maroc - Ecrit par : S.A

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a peu de chances de s’imposer à la tête d’un gouvernement à l’issue des prochaines élections législatives. En cause, la nouvelle loi électorale qui le défavorise et le fragilise.

Vers la fin d’une époque ? Le PJD a remporté des victoires aux législatives de 2011 et de 2016, et est resté à la tête d’une coalition gouvernementale. Après la nouvelle loi électorale votée au Parlement mi-mars par tous les partis présents dans l’hémicycle, excepté le PJD, le parti de la lampe s’en trouve affaibli. Le nouveau calcul déterminant le quota d’élus le défavorise, car en réalisant le même score en 2016, il n’obtiendrait que 80 à 85 sièges (sur 395), contre 125 à l’époque, selon les estimations.

« L’objectif du nouveau quotient électoral est d’empêcher le PJD de prendre la tête du prochain gouvernement », analyse Ahmed Bouz, professeur en Sciences politiques, soulignant que ce mode de calcul « n’existe dans aucun autre pays ». « Le principal enjeu est la désignation d’un nouveau chef de gouvernement et la formation d’une majorité. Le PJD est le grand perdant, car il reste le favori des prochaines élections », confirme le politologue Mustapha Sehimi, cité par l’AFP.

Les sept autres formations du parlement – dont quatre sont représentées au gouvernement – tentent de justifier leur vote en faveur de la nouvelle loi électorale. Selon eux, cette loi vise à permettre aux petits partis d’accéder à l’hémicycle. « Nous pensons que la démocratie doit donner la parole aux petits partis et aux minorités », a déclaré le député Mohamed Hjira, du parti Authenticité et Modernité (PAM, opposition).

Cette situation amène Mustapha Sehimi à faire remarquer que le PJD « est isolé, et n’a plus de majorité politique ». De son côté, Saâdeddine El Othmani, chef du gouvernement, également secrétaire général du parti islamiste a dénoncé un « recul démocratique qui affaiblit les institutions de manière inédite dans l’histoire du Maroc ». Lors de la dernière session extraordinaire du conseil national du parti, il a déclaré que cette loi « vise les chances électorales du PJD ». Le parti entend d’ailleurs saisir la Cour constitutionnelle.

Outre cet obstacle qui se dresse sur son chemin, le parti est miné par des divisions à n’en plus finir. Tout porte à croire que le déclin du parti semble irréversible.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Elections - Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Conseil de gouvernement

Aller plus loin

Le PJD maintient son opposition au nouveau quotient électoral

Le Parti justice et développement (PJD) a réaffirmé son opposition au nouveau quotient électoral. Cette nouvelle réaction fait suite à une décision de la Cour constitutionnelle.

Elections au Maroc : quand le mode de scrutin divise les partis politiques

À quelques mois des élections législatives au Maroc, les partis politiques sont divisés sur le mode de scrutin. Les premiers mémorandums des formations politiques ont été...

Vote sanction pour le syndicat du PJD aux élections professionnelles

L’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), bras syndicat du Parti de la justice et du développement (PJD) subit un lourd revers aux élections professionnelles.

Le PJD menace de quitter le gouvernement

L’adoption de la nouvelle formule du quotient électoral n’est pas du goût du Parti de la justice et du développement (PJD) qui menace non seulement de couper les ponts avec les...

Ces articles devraient vous intéresser :

Fin de la collecte d’argent dans les mosquées marocaines

Au Maroc, le conseil du gouvernement a récemment approuvé un projet de décret relatif à l’organisation des opérations de collecte de dons auprès du public et à la distribution d’aides à des fins caritatives. Il ne sera plus possible de collecter des...

Le Maroc bat tous les records de fréquentation touristique en 2024

Le tourisme au Maroc se porte très bien. Pour preuve, le nombre de touristes étrangers ayant visité le royaume de janvier 2024 jusqu’en novembre dépasse les prévisions officielles.

Maroc : du nouveau pour la kafala (adoption)

Présenté par le Groupe socialiste-opposition Ittihadie, le projet de loi N°5.171.22 modifiant l’article 19 de la loi N°15.01 relative à la kafala (adoption) des enfants abandonnés a été adopté à l’unanimité lundi par la Chambre des représentants.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Les MRE très attendus cet été pour booster l’immobilier

Les initiatives gouvernementales et le retour massif des Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent à la relance du marché de l’immobilier marocain.

Maroc : les démolitions sur les plages sont elles légales ?

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a été interpellé par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), sur le respect de la loi dans le processus de démolition de plusieurs résidences...

Maroc : le salaire des militaires augmente

À l’instar des autres fonctionnaires publics, les agents des Forces armées royales (FAR) vont bénéficier d’une augmentation progressive de leurs salaires.

Autoroutes : voici les ambitions du Maroc pour 2025

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch nourrit de grandes ambitions pour les infrastructures routières et autoroutières. Il dévoile les grands chantiers contenus dans la Note d’information accompagnant le Projet de Loi de Finance 2025.

Le PJD drague les MRE

Le Parti de la justice et du développement (PJD) veut placer les Marocains résidant à l’étranger (MRE) au cœur de son action. Cette décision intervient suite au 8ᵉ Congrès national du parti qui tente de renforcer sa dynamique politique et...

Maroc : les chiffres alarmants sur la corruption des députés

Sur les 30 députés à la Chambre des représentants poursuivis ou condamnés pour des faits de corruption, de détournement de fonds publics ou d’abus de pouvoir, 16 proviennent de la majorité (RNI, PAM et l’Istiqlal). C’est le constat fait par Jeune Afrique.