À Marrakech, le tourisme se meurt

31 mai 2021 - 16h00 - Economie - Ecrit par : S.A

À Marrakech, la crise sanitaire liée au coronavirus frappe durement le tourisme. Sans une visibilité pour l’été, hôteliers, restaurateurs, agenciers de la ville ocre, conteurs, musiciens et charmeurs de serpents désespèrent. Ils appellent à la levée des restrictions sanitaires.

«  Les serpents et les singes sont morts… bientôt on va les suivre  », déclare à l’AFP Mariam Amal. Cette musicienne se produisait sur la célèbre place Jemaa el-Fna, mais la pandémie de Covid-19 a mis à mal son activité. «  C’est la première fois de son histoire que la place est vide  », assure celle qui jouait sur la place depuis l’âge de 10 ans. Beaucoup d’artistes «  se retrouvent à mendier pour survivre  », confie cette musicienne professionnelle de 55 ans. En 2019, Marrakech avait accueilli trois millions de touristes, mais la fermeture des frontières et les restrictions sanitaires ont mis le tourisme à rude épreuve.

«  J’ai d’abord commencé par vendre mon frigo, ma machine à laver, avant de décider de changer de métier  », raconte le conteur Hicham El Hench, qui vit dans une situation précaire. «  J’ai déposé les armes. Depuis trois mois, je ne travaille plus  », confie ce père de deux enfants qui travaillait «  depuis sa plus tendre enfance  » sur la place et gagnait environ 10 euros par jour. Le trentenaire dit avoir tenté de se recycler dans la vente de fruits et légumes, «  mais ça n’a pas marché  ».

La crise sanitaire a également produit un impact négatif sur l’activité des hôteliers, restaurateurs et agenciers de Marrakech. «  L’année 2020 a été catastrophique, 2021 le sera aussi si les frontières restent fermées  », estime le responsable d’un grand hôtel, rappelant que la clientèle étrangère représente 70% du flux touristique à Marrakech. La moitié des 200 hôtels de la ville est actuellement fermée, «  et si nous n’avons pas de visibilité pour l’été, plusieurs mettront la clé sous la porte  », assure ce professionnel ayant requis l’anonymat.

En 2020, 2,2 millions de touristes sont arrivés au Maroc, soit une baisse de 78% par rapport à 2019, selon les chiffres officiels. Le tourisme contribue fortement à l’économie marocaine. Le secteur représente 7% du PIB. Selon le ministère des Finances, les recettes du secteur touristique qui avoisinaient 80 milliards de dirhams en 2019, ont chuté de 65% jusqu’à début 2021. «  Lever les restrictions, c’est la seule voie pour sauver le tourisme  », estime un opérateur. Les professionnels du secteur avaient d’ailleurs fait un plaidoyer dans ce sens.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Marrakech - Tourisme - Hôtellerie - Restauration - Ministère de l’Economie et des Finances

Aller plus loin

Tourisme au Maroc : six propositions pour sortir de la crise

Le tourisme marocain est au fond du gouffre, menacé même d’existence, avec son cortège de dizaines de milliers de familles réduites à la précarité. Le collectif de la...

Reprise timide de l’activité touristique à Marrakech

L’activité touristique reprend progressivement à Marrakech, après des mois de cessation du fait de la crise sanitaire. La ville accueille de plus en plus de touristes depuis la...

Tourisme : très difficile année pour Marrakech

Le tourisme au Maroc a été fortement impacté par la pandémie du Covid-19 tout au long de cette année 2020. Et au nombre des villes qui ont durement souffert de la fermeture des...

Marrakech veut accueillir normalement les touristes

Les opérateurs touristiques exerçant à Marrakech appellent les autorités à lever les restrictions afin de leur permettre de se refaire une bonne santé financière pendant la...

Ces articles devraient vous intéresser :

Tourisme au Maroc : un succès en trompe-l’œil ?

Le tourisme au Maroc se remet progressivement de la crise du Covid-19. Alors que les arrivées ont atteint 14,5 millions en 2023, les recettes touristiques affichent une baisse, suscitant des interrogations.

Tourisme au Maroc : l’été 2024 dépasse toutes les attentes

Les signaux sont au vert pour le tourisme marocain. Après une saison estivale record, les perspectives s’annoncent « prometteuses » pour le secteur, a indiqué Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire.

Maroc : les salles de fêtes se plaignent de "l’absence" de mariages

Au Maroc, la fréquentation des salles de mariage a considérablement baissé cet été au point d’inquiéter plusieurs gérants.

Maroc : les cafés et restaurants disent non aux saisies bancaires

La Fédération nationale des associations des cafés, restaurants et unités touristiques du Maroc s’oppose à la procédure de saisie des comptes bancaires et des actifs commerciaux des professionnels, et fait un plaidoyer dans ce sens.

Maroc : une taxe pour les plus riches

Le débat sur la taxation des plus riches refait surface au Maroc. Après un premier rejet, la Confédération démocratique du travail (CDT) relance l’idée d’une taxe sur la fortune à la Chambre des conseillers.

Marrakech veut en finir avec la mendicité et les SDF

La ville de Marrakech mène une lutte implacable contre la mendicité professionnelle et le sans-abrisme, qui porte déjà ses fruits. À la manœuvre, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la brigade touristique.

Tourisme : Le Maroc bat un record historique

Les recettes touristiques du Maroc ont atteint un nouveau record durant les sept premiers mois de 2024, notamment durant la période estivale.

Maroc : où sont passés les MRE cet été ?

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) se font rares cet été sur les plages désertes et dans les hôtels. Une situation qui inquiète les professionnels du tourisme.

Maroc : l’Oriental, un nouveau rival pour Marrakech et Agadir

Le potentiel touristique de la région de l’Oriental est particulièrement fort. Journalistes, influenceurs et agents de voyage marocains et étrangers ont pu le découvrir lors d’un roadshow organisé par le Conseil régional du tourisme (CRT) avec le...

Maroc : un lac en péril

Le problème de l’assèchement du lac Tamda dans la province d’Azilal préoccupe le député Saïd Atghlast qui a adressé une question écrite à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, de l’économie sociale et solidaire à ce sujet.