Abdel risque l’expulsion au bout de son préavis de six mois qui prend fin le 31 mars, mais il ne parvient pas à trouver un logement abordable dans son quartier. « Je ne vais pas sortir de l’appartement. Sauf si la police m’y oblige », prévient l’homme de 53 ans qui cherche un logement pour lui, sa femme et leurs trois enfants (deux filles de 5 et 3 ans et un garçon d’un an et demi). Actuellement, la famille vit dans un appartement d’une seule chambre, « divisée par des rideaux », pour un loyer de 600 euros, rapporte L’Avenir.
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Le propriétaire du local « le veut pour sa fille », une nouvelle qui plonge la famille d’Abdel dans l’incertitude. Le salaire de l’homme à tout faire dans une école s’élève à quelque 1700 euros nets et sa femme d’origine marocaine ne travaille pas. À cela s’ajoutent les 800 euros d’allocations que perçoit la famille. « Mais un 2 chambres, c’est 1 000 euros, et 3 chambres entre 1 200 et 1 500 euros », indique Abdel dont les revenus ne permettent pas de faire face à cette charge locative et de s’autoriser quelques plaisirs avec ses enfants. Comme 150 autres familles à Bruxelles, Abdel manifestera ce dimanche lors de la quatrième édition du Housing Action Day, la grande journée de mobilisation dédiée au logement en Europe.
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Le cas d’Abdel est « vraiment emblématique » de la crise du logement bruxellois, explique Joaquim Da Fonseca, le travailleur social spécialisé dans l’habitat, qui suit 7 à 8 familles en recherche de logement dont celle d’Abdel. « La plupart ont des revenus du travail, 53 % exactement, selon les statistiques de la Maison Bonnevie, ce qui casse les clichés sur les chômeurs de Molenbeek », détaille-t-il. « Mais quand y a pas de logement… Le marché locatif privé est inaccessible. Avec les revenus de Monsieur Fattouche, dans les grandes villes belges, c’est très compliqué », ajoute le travailleur social, précisant que 8 % des personnes suivies finissent par abandonner et 6 % sont expulsés et se retrouvent sans logement.
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Le spécialiste note aussi « une baisse énorme du niveau de vie » dans le cas de ceux qui arrivent à trouver un appartement, avec « des loyers qui passent simple au double ». Abdel est sur la liste d’attente d’un logement social « depuis 13 ans ». Mais « 50 000 familles sont en attente à Bruxelles », informe Joaquim Da Fonseca. « On m’a proposé des maisons d’accueil, mais juste pour les enfants et ma femme. Avec le bébé, elle ne pourrait pas y vivre sans parler français. Ils ont besoin de moi. Je ne veux pas qu’on soit séparés », se plaint Abdel. Dimanche, les concernés vont manifester pour exiger la baisse des loyers, la fin des expulsions, un logement pour les sans-abri, des « logements dignes, salubres, abordables et adaptés aux besoins des familles et des individus », etc.