Bloqués en Corse, des saisonniers marocains en colère contre les autorités marocaines

19 janvier 2022 - 20h20 - France - Ecrit par : S.A

Suite à la prolongation de la suspension de tous les vols de passagers de et vers le Maroc jusqu’au 31 janvier 2022, 300 travailleurs agricoles saisonniers marocains se retrouvent bloqués en Corse alors que leur contrat est terminé fin décembre 2021. Les démarches entreprises par la préfecture de Haute-Corse pour assurer leur retour chez eux s’avèrent jusque-là infructueuses.

« Ils sont plus qu’abattus, ils souhaitent regagner leur famille », témoigne Ange Maestrini, producteur de clémentines à Antisanti, qui accueille chaque année plusieurs dizaines d’ouvriers agricoles marocains — dont 19 sont bloqués sur son exploitation en Corse-, pour des contrats couvrant une période de deux à six mois. « Ils sont un peu en colère, surtout contre les autorités marocaines, parce qu’ils voient bien que nous, de notre côté, on fait tout notre possible pour essayer de les ramener chez eux », soupire le producteur. La préfecture de Haute-Corse confirme. « Nous avions prévu deux vols pour les acheminer : un premier le 11 janvier, qui n’a pas pu partir, et un second le 19 janvier », qui n’est pas assuré, indique à France info François Ravier, préfet de Haute-Corse.

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La préfecture se penche aussi sur leur statut juridique. En fin de contrat depuis fin décembre, leur situation est “transitoire” et non pas irrégulière : « dès que nous avons appris que le premier vol ne serait pas possible, une procédure nationale a été travaillée et concertée, pour que ces saisonniers qui ne peuvent pas rentrer chez eux puissent bénéficier d’une autorisation provisoire de séjour (APS)", assure le responsable, ajoutant que cette autorisation pourra, au cas par cas, être assortie d’une autorisation de travail, après étude des besoins remontés par les filières.

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Quid de l’hébergement de ces saisonniers marocains ? « Aujourd’hui, les producteurs ne sont plus dans l’obligation d’héberger ces personnes. Mais selon les échanges que j’ai pu avoir avec eux, ils vont continuer à le faire en attendant que l’on trouve une solution », assure François Ravier. « C’est la moindre des choses, abonde Ange Maestrini. Les 19 ouvriers en attente de retour sont logés « dans les mêmes conditions » au sein de son exploitation « que pendant leur période de travail. »

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