Le chemin de croix d’une Marocaine pour obtenir la nationalité espagnole

29 mars 2024 - 21h30 - Espagne - Ecrit par : S.A

Alors qu’elle a passé 21 ans en Espagne, a été victime de violences conjugales, a des enfants espagnols et est depuis quelques années remariée à un Espagnol, une Marocaine de 41 ans fait face à l’énorme difficulté d’obtenir la nationalité espagnole.

Arrivée légalement en Espagne à l’âge de 20 ans, Zouhira Aouassar, une résidente de Malaga originaire du Maroc, se retrouve en difficulté. Depuis quatre ans, elle se bat pour obtenir la nationalité espagnole. À son arrivée, elle s’est d’abord installée à Barcelone. Elle y a passé 13 ans aux côtés de son mari qui la maltraitait et avec qui elle a eu trois enfants. La justice a d’ailleurs condamné l’homme à plusieurs reprises. Coup de tonnerre : son conjoint a été acquitté faute de preuves lors de la dernière audience. La jeune femme a décidé de déménager à Malaga où elle avait un parent après que les autorités catalanes lui ont fait comprendre qu’elles ne pouvaient plus rien pour elle, rapporte Malaga Hoy.

À lire : Malgré leur naissance en Espagne, les enfants de Zouhira ont du mal à obtenir leur nationalité

À Malaga, Zouhira vit dans un appartement pour femmes maltraitées. Elle tente de refaire sa vie. Il y a 9 ans, elle s’est remariée avec le président d’un collectif dont elle est devenue bénévole. En parallèle, elle travaille comme interprète en arabe dans les hôpitaux et autres services où le besoin se fait sentir. « J’ai commencé à la maternité et même les médecins m’appellent quand vient une maman marocaine », se souvient-elle.

À lire : Le combat de Sara pour obtenir la nationalité à ses trois enfants nés en Espagne

En avril 2023, les trois enfants issus de son premier mariage qui sont nés et élevés en Espagne obtiennent la nationalité espagnole. Un vœu que son mari espagnol et elle caressaient. Mais Zouhira n’a toujours pas obtenu la nationalité espagnole alors qu’un minimum de 10 ans de résidence est requis et elle en a 21. De plus, elle n’a pas d’antécédents judiciaires. Depuis quatre ans, elle attend que sa demande aboutisse. « J’ai dépensé environ deux mille euros en frais et pour la documentation que je dois apporter du Maroc », confie-t-elle, ajoutant qu’elle a brillamment passé les examens pour obtenir la nationalité. La quarantenaire s’étonne d’avoir constaté que des Marocains qui sont en Espagne depuis bien moins longtemps et qu’elle a aidé en tant qu’interprète ont déjà obtenu la nationalité espagnole.

À lire :Les Marocains, premiers bénéficiaires de la nationalité espagnole

Cette situation exaspère son mari. Pour lui, il est discriminatoire que le gouvernement espagnol ait rapidement accordé la nationalité espagnole au lutteur géorgien Ilia Topuria alors que le reste de ceux qui en font la demande, y compris sa femme et dix autres personnes que son association aide, sont toujours dans l’attente. « Qu’est-ce qui se passe, ici nous sommes de seconde zone ?, ma femme est en Espagne depuis 21 ans, elle a été victime de violence de genre, ses enfants et son mari ont la nationalité espagnole, pourquoi continuent-ils à la maltraiter ? », s’indigne-t-il. Pour se faire entendre, il a déposé des plaintes auprès du Ministère de la Justice et du Défenseur du Peuple.

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