Maroc : le chantage sexuel numérique, nouvelle arme en cas de divorce

9 juillet 2024 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Les ex-conjoints utilisent souvent du contenu à caractère sexuel, notamment des images et des vidéos, pour obtenir des règlements financiers ou des droits de garde auprès des femmes au Maroc. C’est ce que révèle une étude menée par une ONG néerlandaise.

Selon un récent rapport de l’ONG néerlandaise Rutgers International, les violences contre les femmes s’exercent de plus en plus en ligne. Axée sur sept pays, l’étude réalisée par l’ONG examine les effets de l’influence omniprésente du patriarcat et des rôles de genre profondément ancrés dans l’univers numérique. La violence basée sur le genre, qui englobe le harcèlement en ligne, le partage non consensuel d’images intimes et le cyberharcèlement, est de plus en plus utilisée comme arme contre les femmes au Maroc, souligne le rapport, ajoutant que l’intelligence artificielle complique davantage les choses en facilitant la création de deepfakes et en perpétuant des stéréotypes nuisibles par le biais de biais algorithmiques.

À lire :Maroc : un directeur de banque s’envole avec l’argent de ses clients

82 % des personnes interrogées dans le cadre de l’étude identifient les normes patriarcales et les attentes sociétales en matière de genre comme des facteurs essentiels amplifiant ces formes de violence. L’étude révèle que la société marocaine, comme beaucoup d’autres, présente des modèles d’exclusion où les femmes sont découragées ou activement empêchées de participer aux espaces en ligne, à l’engagement politique ou au discours public. Rutgers International note que l’anonymat et la rapidité des plateformes numériques offrent aux auteurs de tels actes des moyens sans précédent pour diffuser des contenus préjudiciables et intimider leurs victimes, souvent en toute impunité.

À lire :Harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux : Le calvaire des femmes marocaines

Au Maroc, comme dans d’autres pays étudiés, il subsiste un fossé critique dans la compréhension et le traitement des violences faites aux femmes et aux filles, surtout la violence de genre facilitée par la technologie, fait remarquer l’ONG. Ainsi, de nombreuses victimes hésitent à signaler les incidents, à porter plainte en raison de la stigmatisation sociale, des protections juridiques limitées et d’une méfiance généralisée quant à la capacité des forces de l’ordre à intervenir efficacement. Même lorsqu’elles le font, elles se heurtent souvent à des réponses inadéquates de la part d’autorités mal équipées pour gérer les nuances de la violence numérique. Or, ces violences affectent durablement les victimes, leur santé mentale et leur bien-être général.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Pays-Bas - Etude - Femme marocaine - Violences et agressions

Aller plus loin

Quatre Marocaines parmi les plus puissantes femmes du monde arabe

Le magazine Forbes Moyen-Orient a publié son classement annuel des 100 femmes d’affaires les plus puissantes de la région. Cette année, 4 Marocaines figurent dans ce palmarès,...

La femme marocaine s’impose de plus en plus

Plus de la moitié des Marocains (65 %) considèrent que la femme peut occuper des postes à responsabilité. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par le Baromètre arabe.

Harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux : Le calvaire des femmes marocaines

Au Maroc, une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux, contre 4,3 % pour les hommes, révèle une récente étude sur l’utilisation des réseaux...

Maroc : ils divorcent via ... Zoom

Mariés depuis plus d’une décennie, un Marocain résidant au Maroc et son épouse vivant en Israël ont divorcé via l’application Zoom.

Ces articles devraient vous intéresser :

Agression sauvage d’une femme voilée dans un magasin LiDL à Marignane

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) réagit à « l’agression raciste et antimusulmane dont a été victime une femme de 42 ans en situation de handicap, portant un voile et récemment affaiblie par un traitement de chimiothérapie. » L’organisation...

Maroc : indignation après l’assassinat d’une enseignante par un élève

Au Maroc, la Fédération nationale de l’enseignement (FNE, affiliée à l’Union marocaine du travail) appelle à une mobilisation forte et immédiate après l’agression violente d’une enseignante par un élève ayant entraîné la mort de celle-ci.

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?

« Sexy ! » : le harcèlement de rue dénoncé par une tiktokeuse au Maroc

Une célèbre tiktokeuse vient de visiter le Maroc et elle en vient à la conclusion que c’est le pays le plus sexiste au monde. Elle a toutefois salué l’hospitalité marocaine.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.

Un ancien joueur marocain condamné pour viol sur sa fille

L’ancien joueur néerlandais d’origine marocaine, Tarik Oulida, a été condamné par le tribunal de Marbella (Malaga) à deux ans et demi de prison pour abus sexuels sur sa fille.

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Achraf Hakimi brise le silence sur les accusations de viol

Dans une interview, le latéral droit marocain Achraf Hakimi revient, pour la première fois, sur les accusations de viol pour lesquelles il avait été mis en examen en mars 2023.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...