L’arrivée de Brahim Ghali en Espagne le 18 avril, a provoqué une crise diplomatique majeure avec le Maroc, laquelle a conduit à une crise migratoire inédite survenue les 17 et 18 mai avec l’arrivée de plus de 10 000 migrants à Ceuta. En réaction à l’arrivée du leader du Front Polisario, Rabat a appelé son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, pour des consultations. De son côté, le président Pedro Sánchez a remercié la ministre des Affaires étrangères, González Laya, pour tenter d’« apaiser » le Maroc. Mais cela ne semble pas suffisant pour mettre fin à la crise, rappelle El Espanol.
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Selon Samir Bennis, politologue et spécialiste des relations hispano-marocaines, cette crise est la plus grave enregistrée depuis les indépendances. « Depuis l’indépendance du Maroc jusqu’à aujourd’hui, les canaux de communication et de dialogue entre les deux pays n’ont jamais été rompus », explique-t-il. « Quel que soit le responsable des Affaires étrangères en Espagne, si ce gouvernement ne revient pas sur son approche du Maroc et ne clarifie pas sa position sur la question du Sahara, il n’est pas possible de revenir à la normalité dans les relations bilatérales, du moins pas dans un avenir proche », ajoute Samir Bennis.
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Le nouveau ministre Albares avait soutenu à sa prise de fonction qu’il ferait de la reprise des relations avec le Maroc l’une de ses priorités. Mais depuis deux semaines qu’il est à la tête du Département des Affaires étrangères, il n’a toujours pas effectué sa première visite à Rabat. Pendant ce temps, le Maroc monte les enchères. En plus de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Rabat exige désormais la co-souveraineté des villes autonomes de Ceuta et Melilla.
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La crise actuelle affecte également les relations économiques entre les deux pays. L’annulation par le Maroc, pour la deuxième année consécutive, de l’Opération Marhaba, est « un précédent très important qui rend cette crise différente et plus profonde que celle de Perejil… », fait observer Samir Bennis. Par ailleurs, l’Espagne continue de dominer les importations et les exportations avec le Maroc. Près d’un quart des exportations marocaines et 15 % de ses importations se font avec l’Espagne.
Les Marocains résidant en Espagne ne voient quant à eux qu’une seule issue à la crise. Ils souhaitent « une rencontre entre Mohammed VI et Felipe VI, qui partagent une grande amitié ».