En détention préventive depuis dix mois, le journaliste de 34 ans, au ton critique très marqué, est poursuivi pour « viol » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », avec « financement de l’étranger », deux affaires distinctes, instruites et jugées conjointement. Mardi, à la Cour d’appel de Casablanca, l’audience a duré plus de quatre heures, pendant lesquelles la défense de Radi a évoqué des « écoutes illégales », des « interrogatoires sans bases solides », mais aussi la « détention arbitraire » du journaliste.
Les avocats ont relevé « l’illégalité » de la démarche de la police judiciaire demandant la mise sur écoute de Radi. Cette requête qui date de fin décembre 2017 et qui a duré huit mois, est balayée parce qu’elle « ne mentionne ni son nom, ni ne détaille les accusations précises qui pèsent contre lui ». C’est également valable pour les « personnes avec qui il aurait entretenu des relations qui relèvent de l’espionnage », selon son avocat, Me Mohamed Messaoudi, exigeant la présence à la barre de toutes les personnes et organismes cités dans les procès-verbaux.
Par ailleurs, relève Me Messaoudi, la police « n’a pas respecté » la procédure « en omettant de notifier tous ses droits » à son client lors des interrogatoires « marathoniens » qui ont précédé son arrestation en juillet 2020, poursuivant que le seul péché qui vaut à Radi la détention provisoire, se trouve « dans ses opinions et ses investigations ». À propos de la liberté provisoire refusée à plusieurs reprises, la décision du juge est attendue à ce jeudi.
Ce même jeudi va reprendre le procès d’un autre journaliste, Soulaimane Raissouni, 48 ans, maintenu en détention provisoire depuis un an et en grève de la faim depuis 62 jours. Lui, est poursuivi pour « agression sexuelle ». Les soutiens des deux journalistes qui ont toujours clamé leur innocence, dénoncent des « procès politiques », ce que rejettent les autorités, évoquant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.
Au royaume comme à l’international, le cas des deux journalistes préoccupe. Plusieurs formations politiques marocaines ont appelé à un « apaisement », et deux pétitions ont été signées par des centaines de personnalités marocaines parmi lesquelles d’anciens ministres, des intellectuels ainsi que des journalistes.