RSF préoccupé par l’état de santé de Soulaimane Raissouni réclame sa libération

12 juillet 2021 - 13h20 - Maroc - Ecrit par : G.A

Le verdict dans l’affaire du journaliste marocain Soulaimane Raissouni est tombé. Le Rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum a été condamné à cinq ans de prison assortie d’une amende de 100 000 dirhams (environ 9 500 euros), pour « agression sexuelle » sur un militant LGBT. Son comité de soutien et Reporters sans Frontières réclament sa libération dans l’attente d’un procès en appel « équitable ».

Vendredi, le juge avait ordonné la présence du journaliste, absent de son procès depuis la mi-juin, afin qu’il entende sa condamnation, mais le prévenu a « refusé », d’après un procès-verbal lu au cours de l’audience à la cour d’appel de Casablanca.

À lire : Soulaimane Raissouni condamné à 5 ans de prison pour agression sexuelle

Soulaimane Raissouni est maintenu en détention provisoire depuis mai 2020 pour « agression sexuelle » sur un militant LGBT. L’accusé, depuis le début de cette affaire, n’a cessé de clamer son innocence. Ses proches dénoncent un « procès politique » et qualifient de « critique » l’état de santé du journaliste de 49 ans, qui a entamé une grève de la faim pour protester contre une « grande injustice ».

À lire : Souleimane Raissouni a déjà perdu 22 kilos depuis le début de sa grève de la faim

Il a été hospitalisé récemment après avoir fait une crise. Son état n’était pas passé inaperçu le 10 juin dernier, où il marchait en titubant devant la cour. Au Maroc comme à l’étranger, des défenseurs des droits humains, des intellectuels et des responsables politiques ne cessent de réclamer sa libération provisoire.

De son côté, le plaignant se réjouit de l’issue du procès malgré les appels venus de part et d’autres. « La justice a triomphé. Toutes les sales manœuvres de politiser l’affaire seront vaines », a-t-il réagi sur Facebook, précisant qu’il comptait « faire don du montant des dédommagements à une association caritative ».

Préoccupé par l’état de santé du journaliste, Reporters sans frontières demande sa libération en attendant un procès en appel. « Nous demandons instamment que Soulaimane Raissouni soit libéré dans l’attente d’un procès en appel. Après une grève de la faim aussi longue, il y va de sa survie. Il mérite un procès équitable », a plaidé samedi RSF dans un communiqué.

À lire : Maroc : deux journalistes en grève de la faim

À l’issue d’un « procès entaché d’irrégularités manifestes », le comité de soutien du journaliste, composé de militants appartenant à divers associations locales de défense des droits humains, a « condamné fermement un verdict injuste […] aussi sévère qu’incompréhensible ». Dans son communiqué, le comité dénonce le fait que le tribunal « n’a présenté devant la défense aucune preuve et n’a entendu aucun témoin ». « La police a empêché un sit-in que tentaient d’organiser samedi à Rabat une vingtaine de membres du comité pour protester contre sa condamnation et réclamer sa libération ». L’avocat du journaliste qualifie ce qui s’est passé de « boucherie judiciaire ».

À lire : Casablanca : sit-in pour la libération de Soulaimane Raissouni

Alors qu’elles ont fait vœu de silence depuis le début de cette affaire, les autorités marocaines, face aux critiques, disent donner plein pouvoir à l’indépendance de la justice et la conformité des procédures. En ce qui concerne sa grève de faim, l’administration pénitentiaire (DGAPR) a soutenu que le journaliste en usait comme moyen de pression sur le tribunal.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Reporters sans frontières (RSF) - Prison - Grève de la faim

Aller plus loin

Soulaimane Raissouni met fin à sa grève de la faim

Après 122 jours, le journaliste marocain Soulaimane Raissouni a mis fin à la grève de la faim qu’il avait entamée pour dénoncer son procès qu’il qualifie de politique et...

Casablanca : sit-in pour la libération de Soulaimane Raissouni

La mobilisation en faveur de la libération du journaliste Soulaimane Raissouni est toujours aussi grande. Un sit-in de solidarité a été organisé jeudi, devant la prison...

Maroc : deux journalistes en grève de la faim

Deux journalistes marocains, en détention préventive depuis huit et dix mois, dans l’attente de leur jugement, observent une grève de la faim. Ils espèrent ainsi obtenir leur...

Soulaïmane Raïssouni est "bien traité" en prison

Le journaliste Soulaïmane Raïssouni est placé dans une cellule d’isolement comme il l’avait demandé lors de son incarcération. La déclaration de l’administration de la prison...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : un ministre veut des toilettes pour femmes dans les tribunaux

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est indigné face à l’absence de toilettes pour les femmes dans les tribunaux, ce qui selon lui constitue un « véritable problème » pour les détenues.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Affaire de viol : Achraf Hakimi devant le juge

L’international marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a eu affaire à la justice ce vendredi matin, en lien avec une accusation de viol portée contre lui.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.