La déroute électorale du PJD décryptée par un expert

9 septembre 2021 - 18h00 - Maroc - Ecrit par : A.T

La déroute du Parti Justice et Développement (PJD) aux législatives du 8 septembre continuent de susciter des réactions de la part des analystes politiques. David Goeury, membre du laboratoire « Médiations – Sciences des lieux, sciences des liens » de Sorbonne Université, et de l’initiative Tafra, a décrypté le « crash » du PJD et la victoire écrasante du RNI.

Dans une interview accordée à Maroc Diplomatique, le géographe qui avait prédit une baisse du score électoral du PJD comprise entre 30 et 40 %, a fait observer que les résultats obtenus par le parti islamiste (12 sièges à la première chambre) ont été pire que ses prédictions, que certains qualifiaient déjà de trop pessimistes.

« Le PJD a subi un vote sanction impressionnant dans un contexte de mobilisation élargie. Outre les deux mandats à la tête du gouvernement, le parti paye surtout son incapacité à gérer les grandes villes marocaines depuis 2015. En revanche, le RNI réalise une percée remarquable en multipliant presque par trois son nombre d’élus à la chambre des représentants. Par ailleurs, sa victoire a été freinée par le nouveau quotient électoral », a relevé l’expert.

A lire : Elections au Maroc : déroute électorale pour le PJD

Et d’expliquer que « le RNI tire profit d’une image renouvelée du fait de la gestion de la crise COVID par ses ministres, d’une campagne électorale très intense sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Enfin, il n’y a pas eu d’émiettement accru de la chambre des représentants, les électeurs privilégiant massivement les grands partis politiques ».

S’exprimant sur les alliances possibles pour former la majorité gouvernementale, il a rappelé que le RNI s’est déjà allié à l’Istiqlal et à l’USFP lors des élections professionnelles du mois d’août. Il est par ailleurs très proche de l’UC. Il peut donc constituer un gouvernement resserré avec ces alliés en s’assurant une majorité confortable. La question est de savoir si le PAM restera dans l’opposition, a-t-il souligné.

S’agissant du taux de participation, David Goeury a indiqué qu’il traduit un engouement pour ces élections même si le nombre d’électeurs reste très en deçà de la mobilisation exceptionnelle de l’année 1997. Pour les partis politiques arrivés en tête, c’est une victoire, car cela conforte leur légitimité.

Cependant, il faut rester prudent, car seul un Marocain sur 3 en âge de voter s’est déplacé le 8 septembre. Le pays reste marqué par une abstention massive notamment chez les jeunes puisque seulement 33 % des 18-24 ans sont inscrits sur les listes électorales, a-t-il expliqué.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Elections - Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Rassemblement National des Indépendants (RNI)

Aller plus loin

Élections au Maroc : Laftit satisfait du bon déroulement du scrutin

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit se dit satisfait du bon déroulement des élections du 8 septembre qui, selon lui, se sont déroulées dans les «  meilleures...

Élections 2021 : le PJD dénonce ses détracteurs

Face à la série de démissions enregistrées au sein de son parti en cette veille des élections du 8 septembre prochain, le Secrétaire général du Parti de la justice et du...

Elections : le PAM se félicite des résultats obtenus

Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), s’est réjoui des résultats obtenus aux élections législatives.

Le PJD va basculer dans l’opposition

Après la déroute électorale du parti de la justice et du développement (PJD), le conseil national se réunit en session extraordinaire demain samedi 18 septembre. Le parti de la...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le PJD drague les MRE

Le Parti de la justice et du développement (PJD) veut placer les Marocains résidant à l’étranger (MRE) au cœur de son action. Cette décision intervient suite au 8ᵉ Congrès national du parti qui tente de renforcer sa dynamique politique et...

Des députés marocains veulent les ... déchets européens

Des députés ont souhaité la poursuite de l’importation au Maroc de déchets depuis l’Europe. C’était jeudi, lors de la séance plénière consacrée au vote du projet de loi de finances 2025.

Maroc : les démolitions sur les plages sont elles légales ?

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a été interpellé par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), sur le respect de la loi dans le processus de démolition de plusieurs résidences...

Les restaurateurs marocains accusés d’empoisonner leurs clients

Les propriétaires des cafés et restaurants ont rejeté les accusations de fraude formulées contre eux par une députée du Rassemblement national des indépendants (RNI). Celle-ci a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit...

Les confidences d’Abdelilah Benkirane sur le roi Mohammed VI

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a récemment confié avoir demandé à plusieurs reprises au roi Mohammed VI de le démettre de ses fonctions de Chef du gouvernement.

Les MRE pas près de voter

Interpellé par un groupe parlementaire sur le droit des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à participer aux élections au Maroc, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a répondu sans détour.

Maroc : des amendes jusqu’à 10 000 dirhams pour les fumeurs ?

Préoccupée par la croissance du tabagisme au sein de la société, de son impact sur la santé publique et de l’économie marocaine, le groupe du Parti de la Justice et du Développement (PJD) à la Chambre des représentants, présente une proposition de loi...

Maroc : la fumée de la chicha empoisonne l’école

Touria Afif, membre du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a interpellé le ministre de l’Intérieur et celui de l’Éducation nationale sur la prolifération des cafés à chicha à proximité des écoles au Maroc et plus...

Au Maroc, les MRE ont-ils vraiment leur mot à dire sur l’avenir du pays ?

Le Maroc a pris des mesures pour garantir la participation des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au processus politique. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit fait le point.

« Le mariage avant l’école »

Les propos d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), et par ailleurs ancien chef de gouvernement sur le mariage et l’éducation des jeunes filles font polémique.