Des Marocains réduits à l’esclavage à Rouen

8 novembre 2022 - 19h20 - France - Ecrit par : S.A

Un patron marocain s’est absenté à son procès qui s’est ouvert lundi devant la chambre des appels correctionnels de la cour d’appel de Rouen lundi 7 novembre 2022. Cinq de ces anciens employés aussi de nationalité marocaine l’accusent de traite d’êtres humains. Connu de la justice, il avait été condamné à de la prison en novembre 2018 à Évreux pour avoir employé des clandestins, mais aussi pour des violences et l’usage de faux documents administratifs.

Tout est parti d’une plainte déposée par l’un des cinq employés – des Marocains sans papiers – de l’ancien dirigeant d’une boulangerie à Rouen et de deux restaurants situés près d’Évreux. Les faits se sont déroulés entre 2014 et 2016. Cuisinier au restaurant Au Palais du Maroc à Claville en 2015, M. B. raconte son expérience avec son ancien patron qui l’avait recruté avec la promesse d’une régularisation de sa situation et d’un salaire.

À lire : « Sale arabes » : des Marocains victimes de racisme aux Chantiers de l’Atlantique

« Il m’a fait installer sur le sol de la cuisine avec des couvertures, parce qu’il n’y avait pas de chambre, raconte-t-il à l’audience. Il y avait plein de souris, des rats. » Il accuse l’homme de 62 ans d’avoir restreint sa liberté de mouvement. « S’il est là, tu ne peux pas bouger. On ne peut même pas sortir pour manger une pomme ou une banane. » Et quand il s’en va « il lâche ses deux gros chiens ». Il ne lui paie pas le salaire retenu à l’embauche. Son employeur lui donne un chèque de 275 euros à la fin du mois au lieu des 1600 euros.

À lire : Le patron de Venum qualifié de « raciste » et « manager brutal »

De mauvais traitements confirmés par d’autres employés. Ces derniers évoquent « un traitement différencié entre employés en situation régulière et irrégulière, des journées de travail de plus de 15 heures, un hébergement indigne, des rats et même une souris morte découverte au sol d’une chambre, l’accès à la douche une fois par semaine ‘parce que l’eau coûte cher’, des rémunérations – quand il y en a – bien inférieures à la charge de travail », rapporte Actu.fr « Je n’ai pas connu le repos [durant cette période], affirme Nora. Je travaillais de 15 heures à 3 heures du matin, puis de 3 heures à 5 heures, je sortais pour les livraisons. Il y avait une chambre avec deux lits superposés et on était six personnes dans 5 m², même pas. »

À lire : Un médecin maghrébin en France : "On me traite de sale bougnoule et il ne se passe rien"

Alors que les plaignants ont marqué de leur présence le procès, le prévenu a brillé par son absence. De quoi agacer les parties civiles. L’avocat général a demandé 4 ans de prison ferme et un mandat d’arrêt à l’audience. Le verdict est attendu le 16 janvier 2023.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Procès - Rouen - Esclavage moderne

Aller plus loin

Témoignage poignant d’une fille vendue pour partir sur un bateau à Tanger

L’une des filles mineures jugées « à problèmes » et placées par la justice française ou leurs familles dans les années 1950 à 1970 dans les maisons de redressement catholique du...

Narbonne : un viticulteur condamné à la prison ferme pour avoir exploité des Marocains

Le tribunal correctionnel de Narbonne a condamné, ce lundi 4 mars, un homme de 30 ans à huit mois de prison ferme pour avoir employé des travailleurs marocains en situation...

Vaucluse : des travailleurs marocains arnaqués par leur employeur

Après plusieurs mois, des travailleurs marocains se retrouvent sans salaires, et vivent dans des conditions inhumaines. La procureure de la République de Carpentras et le...

Un couple de MRE condamné des faits graves près de Montpellier

Jugé notamment pour les délits de travail dissimulé, emploi d’étrangers sans titre de travail, aide au séjour irrégulier et soumission de personnes à des conditions de travail...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Maroc : WhatsApp banni pour la Gendarmerie royale

Suite à la décision de justice annulant un procès-verbal dressé via WhatsApp, la Gendarmerie royale a invité les commandements régionaux, casernes, centres et patrouilles au respect strict des textes en vigueur et à éviter d’envoyer tout document via...

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».