Élève exclue pour port d’abaya : un père en garde à vue
Visé par une plainte, le père d’une élève en abaya du lycée Ambroise-Brugière à Clermont-Ferrand, a été arrêté puis placé en garde à vue.
Depuis le début de l’année scolaire en France, il y a une « augmentation des faits d’atteinte au principe de laïcité » dans les écoles, collèges et lycées, notamment pour « port de signes et tenues religieux ».
Selon le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, il s’agit essentiellement du « port de vêtements ou d’accessoires de nature religieuse », tels que les abayas (robes amples et longues arrivant sous les chevilles) et les qamis (vêtement long pour les hommes), dans les écoles, collèges et lycées. Les données dont il dispose font état de 313 faits d’atteinte à la laïcité signalés depuis septembre contre 904 sur le trimestre avril-juillet, et 635 entre décembre et mars. « 82 % des personnes concernées pour ces faits sont des élèves, et 8 % sont des personnels de l’Éducation nationale et 5 % des parents d’élèves », rapporte BFMTV.
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Il y a également les publications sur les réseaux sociaux tels que Twitter et Tiktok, de courtes vidéos encourageant le port de signes religieux qui enveniment davantage la situation. Pap Ndiaye déplore ces « conseils que certains influenceurs mal intentionnés donnent aux adolescents pour déjouer la loi », en utilisant certains vêtements sans connotation religieuse pour se couvrir. Mais « la République est plus forte que TikTok », a prévenu le ministre.
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Pour certaines lycéennes interrogées par BFMTV, le port des abayas n’a rien de religieux. « Le port de l’abaya ne se rapporte pas à la religion mais s’apparente plutôt à la tradition, ou à l’envie réelle de mettre des vêtements couvrants », expliquent certaines d’entre elles. Elles se réjouissent que le lycée les laisse porter ces vêtements qui n’étaient pas autorisés l’année dernière.« J’ai toujours été plus à l’aise couverte que dénudée », explique une autre. « Cela n’a rien de religieux, moi je préfère une personne avec des abayas qu’une personne qui va mettre des crop-top ou des minis-shorts », déclare une autre lycéenne.
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Pour le personnel administratif, difficile de savoir ce qui est vêtement religieux ou non. « Comment voulez-vous que même les jeunes s’y retrouvent, savoir que dans tel lycée ce n’est pas permis, et que dans tel autre à 100 mètres c’est autorisé », s’interroge Marianne Dodinet, du syndicat indépendance et direction FO, proviseure de lycée à Paris. « C’est cela la difficulté, on ne peut pas laisser à l’appréciation locale le fait de choisir : c’est une tenue religieuse interdite ou ce n’est pas une tenue religieuse ? », interroge-t-elle.
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Sur la question, le ministre Pap Ndiaye relève quelques nuances. « La loi est parfaitement claire. Il y a des signes religieux qui le sont par nature : un voile, une kippa ou une grosse croix. Et puis, il y a les signes religieux par destination, qui peuvent le devenir par une intention que leur prête leur auteur […] C’est pourquoi les chefs d’établissement doivent regarder précisément les signes ostensibles ».
Aller plus loin
Visé par une plainte, le père d’une élève en abaya du lycée Ambroise-Brugière à Clermont-Ferrand, a été arrêté puis placé en garde à vue.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a réaffirmé sa position sur le port de « l’abaya » à l’école, martelant que ce vêtement n’est pas « religieux ».
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