Sebta : un juge ordonne le retour de mineurs marocains expulsés

19 février 2022 - 06h20 - Espagne - Ecrit par : G.A

Un juge d’instruction de Sebta a ordonné le retour en Espagne d’un groupe de 14 mineurs marocains qui avaient été expulsés de la ville en août dernier. Ils faisaient partie des 2 000 migrants mineurs marocains arrivés à Sebta en mai 2021 et expulsés dans le cadre d’une opération menée par le ministère espagnol de l’Intérieur.

Selon le quotidien espagnol El Pais, l’expulsion des mineurs marocains était une opération menée conjointement par la délégation gouvernementale et parrainée par le ministère de l’Intérieur, avec la collaboration de la mairie. Mais en ordonnant le retour de 14 des 2000 mineurs expulsés vers le Maroc, le juge a estimé que « la procédure légale n’a pas été respectée et que le droit fondamental à l’intégrité physique et morale des mineurs a été violé ». Pour lui, leur expulsion de Sebta a omis « toutes les procédures » et placé les enfants renvoyés dans une situation de « risque important », souligne le journal en ligne Eldiario.es.

À lire : Ceuta : des ONG dénoncent les retours de mineurs sans assistance juridique

Un argument que rejettent les autorités espagnoles. Elles avancent que la procédure était conforme à l’accord signé en 2007 entre l’Espagne et le Maroc sur la prévention de l’émigration illégale des mineurs non accompagnés. « Cette opinion n’est pas partagée », a estimé le juge Ignacio de la Prieta. « Il n’y a eu aucune ouverture de procédure, aucune demande de rapport, aucune procédure d’audition, aucune phase de preuve, pas même une résolution acceptant le rapatriement des mineurs, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune trace d’un dossier de rapatriement » au Maroc, a fait savoir le juge.

À lire :Le retour des mineurs de Ceuta au Maroc est « nul et non avenu »

La décision du juge est une victoire pour la fondation Raíces et l’association Coordinadora de Barios qui avait déposé des recours en août dernier, au nom de 20 mineurs migrants marocains non accompagnés, pour empêcher leur « retour express ».

À lire : Retours forcés des mineurs : le cas du jeune Achraf devant la justice

Mais des sources citées par El Pais estiment que la mesure ordonnée par le juge est « très difficile à respecter » en raison de la difficulté à localiser les mineurs.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Espagne - Droits et Justice - Ceuta (Sebta)

Aller plus loin

Espagne : le Médiateur va étudier le cas des mineurs rapatriés au Maroc

Le Médiateur, Ángel Gabilondo, a déclaré mardi qu’il va se pencher prochainement sur le cas des 57 mineurs rapatriés « illégalement » de Ceuta au Maroc en août dernier.

La justice espagnole confirme l’illégalité des retours de mineurs au Maroc

Le tribunal supérieur de justice d’Andalousie (TSJA) a confirmé la décision du tribunal de première instance qui a estimé en février que le rapatriement au Maroc de 55 des...

Mineurs : le président de Ceuta assume les retours « illégaux » au Maroc

Le président de Ceuta, Juan Vivas, a déclaré samedi qu’« il a encouragé et autorisé toutes les actions » de sa vice-présidente, Mabel Deu (PP), dans le cadre des retours des...

Retours forcés des mineurs : le cas du jeune Achraf devant la justice

Le procureur de Sebta a ouvert une enquête sur le cas du jeune Achraf renvoyé au Maroc après avoir rejoint l’Espagne à la nage. Il a demandé la vidéo non éditée de Reuters...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...

Un MRE expulsé après 24 ans en France

Un ressortissant marocain de 46 ans, résidant en France depuis 24 ans, a été expulsé en février dernier, suscitant l’émoi et soulevant des questions quant à l’application de la loi Darmanin sur l’immigration.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.